« Le soi-disant “crime” de Mohammad bin Nasser al Ghamdi était d’avoir exprimé ses opinions sur les réseaux sociaux. Il n’aurait jamais dû être poursuivi en justice et encore moins condamné à mort. Si l’annulation de sa sentence capitale est un grand soulagement pour lui et sa famille, la cour doit maintenant mettre un terme à son long et douloureux calvaire en annulant sa déclaration de culpabilité et en ordonnant sa libération immédiate et sans condition, a déclaré Dana Ahmed, chercheuse sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.
« Si les autorités saoudiennes sont réellement déterminées à mener des réformes en matière de droits humains comme elle s’y sont engagées, elles doivent aussi libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes détenues pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression et prendre de véritables mesures pour mettre un terme à la répression de la dissidence et au recours très répandu à la peine de mort. »
Complément d’information
Selon des sources bien informées, la Cour d’appel doit encore prononcer une nouvelle peine contre Mohammad bin Nasser al Ghamdi, qui attend actuellement d’en savoir plus sur son sort. Le Tribunal pénal spécial avait déclaré cet homme coupable et l’avait condamné à mort le 9 juillet 2023, sur la base d’accusations de terrorisme forgées de toutes pièces, uniquement parce qu’il avait exprimé ses opinions sur Twitter (aujourd’hui X) et YouTube.
Le 29 mai 2024, le Tribunal pénal spécial a condamné son frère, Asaad bin Nasser al Ghamdi, à 20 ans de prison pour des messages critiquant le gouvernement qu’il avait publiés sur les réseaux sociaux. Leur autre frère, Saeed bin Nasser al Ghamdi, universitaire islamique et opposant au gouvernement, s’est exilé au Royaume-Uni.
Amnesty International a recueilli des informations faisant état d’actes de représailles contre des membres de la famille de personnes dissidentes, de militant·e·s et de défenseur·e·s des droits humains en exil, dénonçant notamment les cas de 40 proches de militant·e·s qui se sont retrouvés – sans décision officielle ni autre forme de notification – soumis à une interdiction de voyager qui les sépare de fait de leurs proches.
Ces deux dernières années, Amnesty International a constaté une intensification de la répression exercée en Arabie saoudite contre les personnes exprimant leurs opinions sur les réseaux sociaux. Le Tribunal pénal spécial, tribunal antiterroriste saoudien de sinistre réputation, a infligé des peines de réclusion allant jusqu’à 45 ans sur la base de dispositions vagues issues des lois de lutte contre la cybercriminalité et le terrorisme.