La famille de Salman al Awda a appris le 16 janvier qu’il a été hospitalisé dans la ville de Djedda. Elle n’a obtenu aucune information sur son état de santé.
Arrêté le 7 septembre 2017, Salman al Awda n’a pas pu communiquer avec le monde extérieur avant le mois d’octobre. Son arrestation semble découler de l’un de ses tweets dans lequel il prônait de meilleures relations avec le Qatar.
« L’hospitalisation de Salman al Awda, tout en étant très inquiétante et traumatisante pour sa famille, illustre le traitement honteux que lui infligent les autorités saoudiennes, a déclaré Samah Hadid, directrice des campagnes pour le Moyen-Orient à Amnesty International.
« Cinq mois après avoir été arrêté uniquement parce qu’il a exercé son droit à la liberté d’expression, il demeure détenu sans inculpation ni jugement dans des conditions cruelles et inhumaines. »
« Les autorités doivent veiller à ce qu’il reçoive tous les soins médicaux dont il a besoin, qu’il puisse communiquer avec sa famille et un avocat, et surtout, qu’il soit remis en liberté. »
Salman al Awda a été interpellé chez lui sans mandat quelques heures après avoir posté un tweet en réaction à un article sur la possible réconciliation entre l’Arabie saoudite et le Qatar dans un contexte de crise diplomatique. Il a écrit : « Que Dieu mette leurs cœurs en harmonie pour le bien des peuples. »
D’après sa famille, les autorités ont demandé à Salman al Awda et à d’autres personnalités de poster des tweets en soutien au gouvernement saoudien durant la crise avec le Qatar, ce qu’il avait refusé.
Depuis son interpellation, Salman al Awda n’a pas été autorisé à entrer en contact avec sa famille, à l’exception d’un bref appel téléphonique fin octobre. Cependant, le 16 janvier, ses proches ont été informés de son hospitalisation sans qu’on leur dise pourquoi.
« Nous ignorons ce pour quoi il est soigné et les autorités refusent de nous laisser communiquer avec lui. Nous avons appris qu’il n’était pas en bonne santé, mais le gouvernement ne nous autorise pas à lui parler », a déclaré l’un de ses proches à Amnesty International.
La détention arbitraire et les mauvais traitements infligés à Salman al Awda, sans doute à titre de représailles pour avoir exprimé pacifiquement ses opinions, bafouent le droit international.
« L’arrestation de Salman al Awda semble s’inscrire dans le cadre d’une répression plus vaste orchestrée par les autorités saoudiennes contre la liberté d’expression dans le pays. Toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé sans violence leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion doivent être libérées immédiatement et sans condition », a déclaré Samah Hadid.
Plus de 20 dignitaires religieux, écrivains, journalistes, universitaires et militants ont été arrêtés à la même période que Salman al Awda en septembre dernier. Les raisons de ces arrestations demeurent floues.
Quelques heures après l’arrestation de Salman al Awda, son frère Khalid al Awda a été placé en détention arbitraire après avoir publié un tweet condamnant la détention de son frère. Des agents de la sûreté de l’État ont plus tard perquisitionné le domicile de Salman al Awda, et saisi des livres et des appareils électroniques.
Une décision arbitraire interdit à tous les membres de la famille proche de Salman al Awda de se rendre à l’étranger.
Complément d’information
Amnesty International a fait part en 2017 de ses préoccupations face au durcissement de la répression du gouvernement saoudien vis-à-vis des défenseurs des droits humains. Parmi les personnes arrêtées en 2017 figurent Abdullah al Maliki, universitaire et écrivain connu pour son engagement en faveur de réformes et des droits humains, et Essam al Zamel, entrepreneur connu pour ses articles soulignant la nécessité de réformes économiques dans le pays.
Abdulaziz al Shubaily et Issa al Hamid, membres fondateurs de l’Association saoudienne des droits civils et politiques (ACPRA), ont été arrêtés en septembre dans le cadre de la répression visant les défenseurs saoudiens. L’ACPRA est une organisation indépendante de défense des droits humains dissoute par les autorités saoudiennes en 2013.
La semaine dernière, des experts de l’ONU ont demandé la libération de toutes les personnes placées en détention pour avoir exercé pacifiquement leurs droits en Arabie saoudite dans le cadre d’une « pratique inquiétante, généralisée et systématique, d’arrestations et de détentions arbitraires ».
En novembre dernier, après l’adoption d’un décret royal portant création d’une commission anti-corruption, les autorités ont arrêté des centaines d’hommes d’affaires et de fonctionnaires, anciens ou actuels, sans divulguer aucune information sur les éventuelles accusations portées à leur encontre.