Communiqué de presse

Arabie saoudite : il faut supprimer les conditions d’une « grâce » royale proposée à des réformistes

Six réformistes emprisonnés en Arabie saoudite doivent être libérés immédiatement et sans condition, a réaffirmé Amnesty International après que ces personnes et dix autres condamnées avec elles se sont vu proposer une « grâce » royale accordée sous réserve qu’elles signent un engagement à renoncer à militer publiquement.

Samedi 12 janvier, des militants parmi lesquels un avocat d’un des réformistes ont diffusé des informations faisant état de la grâce proposée pour ces 16 hommes reconnus coupables en novembre 2011 d’un certain nombre de graves chefs d’accusation liés à leur action non violente en faveur des droits humains.

Le ministre saoudien de l’Intérieur aurait déclaré à ces hommes que, pour obtenir cette grâce, ils devaient d’abord signer un engagement à ne pas reproduire leurs infractions ni pratiquer le militantisme public, ainsi qu’à remercier le roi.

« Le fait de poser des conditions aussi ridicules à une grâce va à l’encontre de l’objectif même de l’octroi d’une grâce », a souligné Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

Pour l’heure, six des réformistes auraient indiqué qu’ils refusaient de signer l’engagement et continuent d’être détenus. Il s’agit de Suliaman al Rashudi, Saud al Hashimi, Saif al Din al Sharif, Musa al Qirni, Abdul Rahman al Shumayri et Abdul Rahman Khan.

« Les six hommes encore détenus sont des prisonniers d’opinion qui ont été emprisonnés uniquement en raison de leurs actions militantes pacifiques – ils doivent être libérés immédiatement et sans condition », a affirmé Philip Luther.

Parmi les 16 hommes, dont beaucoup exercent une profession intellectuelle, figurent d’éminents partisans de la réforme qui ont tenté de créer une association de défense des droits humains en Arabie saoudite.

La plupart ont été maintenus en détention provisoire pendant des périodes allant jusqu’à trois ans et demi avant d’être officiellement inculpés.

Au moins deux de ces hommes auraient été torturés en détention. Beaucoup ont été maintenus à l’isolement pendant de longues périodes, parfois en détention au secret.

En novembre 2011, le Tribunal pénal spécial de Riyadh, créé pour traiter les affaires de terrorisme, les a condamnés à de lourdes peines allant de cinq à 30 ans d’emprisonnement. Ils ont notamment été déclarés coupables de constitution d’une organisation secrète, de tentative de prise du pouvoir, de provocation contre le roi, de financement du terrorisme et de blanchiment d’argent.

Leurs procès ont été contraires aux règles d’équité les plus élémentaires. Pendant des mois, leurs avocats et leurs familles n’ont pas pu obtenir d’informations précises concernant les charges retenues contre les 16 hommes, et l’accès à un bon nombre d’audiences leur a également été refusé.

Quatorze d’entre eux font en outre l’objet d’une interdiction de voyager à l’issue de leur peine.

« Le cas de ces 16 hommes semble relever d’une pratique inquiétante des autorités saoudiennes, qui exercent une répression contre les militants pacifiques simplement parce qu’ils ont eu la témérité d’exprimer une opinion divergente, a ajouté Philip Luther.

« Tous les habitants de l’Arabie saoudite doivent bénéficier de la protection de leur droit à la liberté d’expression et d’association. »

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