ARABIE SAOUDITE. L’Arabie saoudite doit ouvrir une enquête sur les violences qu’aurait subies une employée de maison sri-lankaise

Index AI : MDE 23/010/2010

ÉFAI - 3 septembre 2010

Amnesty International demande instamment aux autorités saoudiennes d’enquêter sans délai sur les allégations de violences, ayant entraîné des blessures graves, dont aurait été victime une employée de maison sri-lankaise en Arabie saoudite et de poursuivre en justice les auteurs présumés de ces actes si les allégations s’avèrent fondées.

Selon la presse du Sri Lanka et les informations reçues par Amnesty International, L. P Ariyawathie, 49 ans, mère de trois enfants, aurait été victime de graves violences de la part de ses employeurs en Arabie saoudite après s’être plainte d’une surcharge de travail. Ses employeurs lui auraient enfoncé 24 clous et une aiguille dans les mains, les jambes et le front, provoquant des blessures graves qui ont nécessité plusieurs heures de chirurgie à son retour au Sri Lanka en août. Certains de ces clous auraient mesuré 5 cm de long. Les médecins qui l’ont soignée au Sri Lanka ont déclaré qu’elle était profondément traumatisée par cette expérience. Selon les informations dont nous disposons, elle était partie en Arabie saoudite pour travailler comme employée de maison – comme de nombreuses autres Sri-Lankaises, pour soutenir sa famille - en mars 2010. Elle aurait expliqué aux médecins qu’elle avait subi ces violences en juillet avant de quitter son emploi et de retourner au Sri Lanka.

Dans une lettre adressée la semaine dernière à Cheikh Mohammed bin Abdul Aziz al Issa, ministre de la justice, Amnesty International demande instamment aux autorités saoudiennes d’enquêter sur les allégations de violences graves faites par L P Ariyawathie à l’encontre de ses employeurs en Arabie saoudite et de veiller à ce que les responsables présumés de ces violences soient jugés conformément aux normes internationales d’équité des procès, qui excluent le recours aux châtiments corporels ; l’organisation leur demande également de veiller à ce que des réparations adéquates soient accordées à la victime.

L’enquête devra également établir si la police ou les autorités saoudiennes ont été informées des allégations de L P Ariyawathie avant son retour au Sri Lanka et quelles mesures ont été éventuellement prises. Tout policier ou dépositaire d’une autorité officielle qui aurait eu connaissance des violences présumées mais aurait omis de prendre des mesures devrait être amené à rendre des comptes.

Les allégations faites par L P Ariyawathie soulignent les problèmes rencontrés depuis longtemps par les employées de maison – dont beaucoup sont des femmes venues des pays d’Asie en voie de développement – en Arabie saoudite. Elles sont confrontées aux mêmes pratiques discriminatoires en matière de justice que les femmes saoudiennes mais sont plus vulnérables du fait qu’elles maîtrisent mal la langue et se retrouvent seules dans un pays étranger sans proches vers lesquels se tourner pour obtenir aide et soutien. Ces employées de maison sont particulièrement vulnérables à la violence et à l’exploitation de leurs employeurs et n’ont que peu ou pas de recours contre de tels abus.

Les pays les plus gros fournisseurs de main d’œuvre comme le Sri Lanka doivent également faire davantage d’efforts pour s’assurer que leurs ressortissants sont correctement protégés des abus dans les pays dans lesquels ils vont travailler et peuvent avoir accès à la justice et obtenir des réparations lorsqu ‘ils ont été victimes. Certains États ont reconnu cet état de fait et établi la nécessité de mettre en place des mécanismes de surveillance et de protection dans les pays récepteurs de main d’œuvre – le Sri Lanka a par exemple élaboré en 2008 un document intitulé Politique nationale de migration du travail – mais jusqu’à présent, peu de choses ont été faites pour mettre ces mesures en place.

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