Arabie saoudite, Les lacunes de l’assurance des travailleurs étrangers nécessitent des réformes

En Arabie saoudite, il est urgent d’entreprendre des réformes majeures et globales en vue de protéger les travailleurs et travailleuses migrants, à la veille d’une réunion importante le 7 novembre 2024, au cours de laquelle l’Organisation internationale du travail (OIT) débutera l’examen d’une plainte historique [2] déposée par un syndicat mondial, l’Internationale des Travailleurs du Bâtiment et du Bois (IBB), contre l’Arabie saoudite pour vol de salaires, travail forcé et interdiction de créer des syndicats.

Le 7 octobre, l’Arabie saoudite a annoncé le lancement d’un régime d’assurance [3] destiné à protéger les salaires des travailleurs·euses étrangers. Il s’inscrit dans le cadre d’une série de réformes des droits du travail menées ces dernières années par le biais du programme Vision 2030 visant à diversifier l’économie du pays. Cependant, ce régime et d’autres réformes n’offrent toujours pas une protection suffisante aux travailleurs étrangers contre l’exploitation et les abus.

« L’Arabie saoudite doit prendre cette plainte inédite, soutenue par Amnesty International et d’autres organisations, comme un avertissement pour mettre son droit du travail et ses pratiques en pleine conformité avec les normes internationales. Si le nouveau régime d’assurance saoudien reconnaît la nécessité de remédier au vol de salaire et d’indemniser les travailleurs lorsque les employeurs ne les paient pas, il est en réalité tellement lacunaire que peu d’entre eux sont susceptibles d’en bénéficier », a déclaré Stephen Cockburn, responsable du programme Justice économique et sociale à Amnesty International.

Le régime d’assurance [4] fixe des conditions irréalistes pour déposer des demandes d’indemnisation et exclut certains parmi les plus marginalisés, comme les employé·e·s de maison et les travailleurs·euses saisonniers. Surtout, ils ne sont en droit de déposer une demande d’indemnisation que si le versement des salaires est retardé pour au moins 80 % de la main-d’œuvre de l’entreprise, pendant au minimum six mois.

De manière générale, les travailleurs·euses migrants demeurent exposés aux violations et à l’exploitation à grande échelle en Arabie saoudite, en raison de la kafala, système restrictif de parrainage en vigueur dans le pays, des déficiences de l’application des lois et de l’impunité dont jouissent les auteurs.

« Les autorités saoudiennes doivent faire mieux que des mesures timides en demi-teinte et doivent s’attacher à mettre en place des réformes et des initiatives globales et fermement ancrées en matière de droits du travail. Cette question est d’autant plus cruciale que l’Arabie saoudite est sur le point d’être confirmée comme pays hôte de la Coupe du monde de football 2034. Il en va des droits de tous les travailleurs·euses migrants dans le pays », a déclaré Stephen Cockburn.

Complément d’information

La plainte déposée [5] à l’encontre de l’Arabie saoudite par l’Internationale des Travailleurs du Bâtiment et du Bois (IBB), un syndicat mondial, porte sur de graves atteintes aux droits humains et le vol de salaires concernant 21 000 ouvriers. L’IBB a porté plainte auprès de l’OIT (Organisation internationale du travail) en juin 2024. Sa plainte sera examinée le 7 novembre lors de la réunion du Conseil d’administration de l’OIT et, si elle est acceptée, pourrait donner lieu à la création d’une commission chargée de traiter les plaintes et de rédiger un rapport préconisant des mesures supplémentaires.

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