« Cette nouvelle arrestation témoigne une fois encore de la répression incessante dont sont victimes les militants des droits humains en Arabie Saoudite, a déclaré Samah Hadid, directrice des campagnes à Amnesty International pour le Moyen-Orient.
« Mohammed al Bajadi fait campagne sans relâche en faveur des droits fondamentaux et, à l’image des autres personnes arrêtées dans le cadre des opérations récentes, n’a été pris pour cible qu’en raison de son action importante.
« Malgré l’indignation suscitée dans le monde par cette vague d’arrestations, les autorités ont à nouveau réagi en exerçant une répression toujours plus forte à l’encontre de la communauté saoudienne de défense des droits humains, persécutée à de multiples reprises en raison de ses activités.
« Le prince héritier Mohammed Ben Salman continue de faire la promotion de ses “réformes” auprès de la communauté internationale tout en réduisant au silence sur le territoire saoudien les personnes qui osent mettre en question ses politiques. Il est temps que l’hypocrisie cesse.
« Nous demandons une fois encore aux autorités de relâcher ces militants pacifiques immédiatement et sans condition. Elles devraient pour le moins révéler où se trouvent ces personnes et leur permettre d’entrer en contact avec des avocats et leurs proches. »
Mohammed al Bajadi est un membre fondateur de l’Association saoudienne des droits civils et politiques (ACPRA), organisation fermée de force par les autorités. En mars 2015, il a été condamné à 10 années d’emprisonnement par le tribunal antiterroriste. Sa peine a été ramenée en appel à huit années d’emprisonnement, dont quatre avec sursis, assortie d’une interdiction de voyager pendant cinq ans. Mohammed al Bajadi a été libéré en avril 2016 après avoir été contraint de signer des dizaines de déclarations, l’engageant notamment à ne plus militer et à ne plus communiquer avec les médias et des organisations étrangères.
Mohammed al Bajadi a été condamné à 10 années d’emprisonnement par le tribunal antiterroriste. Sa peine a été ramenée en appel à huit années d’emprisonnement, dont quatre avec sursis, assortie d’une interdiction de voyager pendant cinq ans.
L’ACPRA a fait campagne en faveur des droits des prisonniers en Arabie saoudite jusqu’à sa fermeture, en mars 2013. L’organisation a été fermée de force par les autorités saoudiennes, et tous ses membres fondateurs ont été arrêtés avant d’être condamnés à de longues peines d’emprisonnement en raison de leurs activités.
Complément d’information
D’après les informations recueillies, 10 militants des droits humains auraient été arrêtés à ce jour dans le cadre de la répression récente. Quatre d’entre eux ont été remis en liberté.
De nombreux défenseurs des droits des femmes détenus font campagne contre le fait qu’il est interdit depuis longtemps aux femmes de conduire en Arabie saoudite. Cette interdiction doit être levée le mois prochain, et des permis de conduire devraient être délivrés à partir du 24 juin.
La semaine dernière, Amnesty International a identifié six des personnes détenues et demandé leur libération à la suite d’une inquiétante campagne de diffamation orchestrée par les autorités pour tenter de les discréditer et de les faire passer pour des « traîtres ».
Parmi celles qui se trouvent toujours en détention figurent Loujain al Hathloul, Iman al Nafjan, Aziza al Yousef, Ibrahim al Modeimigh et Mohammad al Rabea. Deux autres hommes seraient eux aussi maintenus en détention.
Aisha al Manea, Hessa al Sheikh, Madeha al Ajroush et Walaa al Shubbar sont au nombre des militants visés par la vague d’arrestations récente mais relâchés la semaine du 21 mai.