ARABIE SAOUDITE. Un Soudanais risque d’être exécuté pour « sorcellerie »

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI-14 mai 2010

Le 14 mai, Amnesty International a exhorté les autorités saoudiennes à intervenir pour stopper l’exécution peut-être imminente d’un Soudanais condamné à mort pour « sorcellerie ».

Abdul Hamid Bin Hussain Bin Moustafa al Fakki a été condamné à la peine capitale par un tribunal de Médine, le 27 mars 2007, après avoir été accusé d’avoir pratiqué la sorcellerie pour provoquer la réconciliation des parents divorcés de son client.
On en sait très peu sur le déroulement de son procès car les audiences se sont tenues en secret. Trois ans après le jugement, on ignore à quel stade son cas en est ou si son exécution est déjà programmée - compte tenu du temps écoulé depuis sa condamnation, elle est sans doute imminente.
« Il semble qu’Abdul Hamid al Fakki ait uniquement été condamné par avoir exercé pacifiquement ses droits à la liberté d’expression et de religion », a déclaré Philip Luther, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
« Nous demandons au roi Abdallah d’Arabie saoudite de ne laisser ni cette exécution ni d’autres avoir lieu. »

Abdul Hamid Bin Hussain Bin Moustafa al Fakki a été arrêté le 8 décembre 2005 dans la ville de Médine par des volontaires de la police religieuse, organe officiellement connu sous le nom de Comité pour la propagation de la vertu et la prévention du vice (CPVPV).
Il a été accusé de pratiquer la sorcellerie après avoir été piégé par le CPVPV. Les raisons pour lesquelles les autorités s’en sont prises à lui n’apparaissent pas clairement.
Un homme travaillant pour le CPVPV a contacté Abdul Hamid et lui a demandé de jeter un sort qui pousserait le père de cet homme à se séparer de sa seconde épouse et à revenir auprès de sa première femme, la mère du client.
Abdul Hamid a semble-t-il accepté, en échange de 6 000 ryals (environ 1 300 euros). L’homme lui aurait versé une avance de 2 000 ryals, et communiqué l’identité de son père et de la seconde épouse de celui-ci, ainsi que le nom de leurs mères. Abdul Hamid aurait ensuite accepté de le revoir lorsqu’il serait prêt à lui remettre le sort. Il s’est présenté au lieu de rendez-vous convenu et des membres du CPVPV l’ont vu monter à bord de la voiture de l’homme. Il a remis ce qu’il avait préparé, neuf morceaux de papier sur lesquels il avait écrit des codes avec du safran, et a reçu le reste de l’argent. Il a ensuite été arrêté en possession de billets de banque dont les numéros de série avaient été enregistrés par le CPVPV.
Il a été interrogé et aurait été frappé. Abdul Hamid aurait avoué s’être livré à des actes de sorcellerie dans le but de résoudre les problèmes familiaux de l’homme qui l’avait contacté.

Complément d’information

La législation saoudienne ne donne pas de définition du crime de « sorcellerie ». Cette qualification est utilisée pour sanctionner des personnes n’ayant fait qu’exercer de manière légitime leurs droits fondamentaux, notamment les droits à la liberté de conscience, de pensée, de religion, de conviction et d’expression.
Les autorités saoudiennes ont arrêté des dizaines de personnes pour « sorcellerie » en 2009, et en ont appréhendé plus de 20 cette année. Ce sont souvent des membres de la police religieuse qui procèdent à ces arrestations, en piégeant les suspects de sorte à pouvoir les inculper non seulement de « sorcellerie », mais également d’autres infractions telles que le khilwa (fait de se trouver seul en compagnie d’une personne de sexe opposé qui n’est pas un parent proche).
La dernière exécution pour « sorcellerie » dont Amnesty International a eu connaissance était celle de Mustafa Ibrahim, un ressortissant égyptien. Elle a eu lieu le 2 novembre 2007. Arrêté en mai 2007 dans la ville d’Arar, où il était pharmacien, cet homme avait été accusé d’« apostasie » pour avoir dégradé un exemplaire du Coran en le mettant dans des toilettes.
La peine de mort est appliquée en Arabie saoudite pour un large éventail d’infractions, y compris pour des infractions n’ayant pas de conséquences mortelles, telles que la sorcellerie. Les normes internationales d’équité des procès sont loin d’être respectées.
Les accusés sont rarement autorisés à bénéficier officiellement de l’assistance d’un avocat et, dans de nombreux cas, ils ne sont pas informés de l’évolution des procédures dont ils font l’objet.
Il arrive, par ailleurs, que la condamnation repose uniquement sur des aveux obtenus par la contrainte ou par la ruse. En Arabie saoudite, des condamnés sont parfois exécutés sans qu’eux-mêmes ou leurs proches n’aient été préalablement informés de la date d’exécution. Depuis le début de l’année 2010, au moins 11 personnes ont été exécutées.

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