Arash Sadeghi n’a toujours pas été transféré à l’hôpital

Les autorités iraniennes doivent immédiatement transférer Arash Sadeghi, un défenseur des droits humains emprisonné, qui a mis fin à sa grève de la faim mardi 3 janvier au bout de 71 jours, vers un hôpital afin qu’il puisse recevoir les soins médicaux dont il a besoin en urgence, a déclaré Amnesty International mercredi 4 janvier.

Arash Sadeghi a entamé une grève de la faim en octobre 2016 afin de protester contre l’incarcération de son épouse, Golrokh Ebrahimi Iraee, une écrivaine et militante des droits humains emprisonnée pour avoir écrit une fiction sur la lapidation. Après un tollé international, elle a finalement été libérée à la faveur d’une autorisation temporaire de sortie, mardi 3 janvier.

Arash Sadeghi devait être transféré de la prison d’Evin, à Téhéran, vers un hôpital le 3 janvier dans la soirée. Des sources fiables ont cependant indiqué à Amnesty International que les autorités carcérales ont refusé de procéder à son transfert.

« Retarder le transfert d’Arash Sadeghi vers un hôpital est cruel et dégradant. Il se trouve dans un état critique et doit bénéficier de toute urgence de soins spécialisés et susceptibles de lui sauver la vie. En n’autorisant pas son transfert vers l’hôpital, les autorités iraniennes jouent avec sa vie et bafouent l’obligation qui leur est faite par le droit international de lui permettre de bénéficier de soins médicaux adéquats », a déclaré Philip Luther, directeur des recherches et des actions de plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.

Arash Sadeghi souffre de plusieurs problèmes de santé et présente des symptômes tels qu’une inflammation et une infection grave des poumons, de fortes baisses de tension, une arythmie cardiaque, des essoufflements, des nausées et des vomissements de sang. Il a perdu plus de 20 kilogrammes tout au long de sa grève de la faim. Des médecins ont exprimé des craintes quant aux dommages occasionnés à ses reins sur le long terme, et ont estimé qu’environ 70 % de son rein gauche et 20 % du droit ne fonctionnent pas.

Tôt le matin du 4 janvier, il a été transféré à l’infirmerie de la prison parce qu’il s’était mis à vomir du sang et était pris d’une forte toux, de nausées et de douleurs abdominales. Une fois sur place, on lui a administré des médicaments contre la nausée, des antalgiques et des fluides par voie intraveineuse avant de le renvoyer dans sa cellule.

Les services de santé proposés par les infirmeries des prisons iraniennes sont très basiques, comme la mesure de la pression artérielle, l’administration de sérums par voie intraveineuse et la prescription de médicaments. Les prisonniers tels qu’Arash Sadeghi qui présentent de graves problèmes de santé doivent être transférés vers des établissements médicaux hors de la prison afin d’y être soignés.

« Le traitement réservé par les autorités iraniennes à Arash Sadeghi est absolument déplorable. D’abord elles l’ont envoyé en prison à tort, puis ont fait fi de ses protestations légitimes contre l’incarcération injustifiée de son épouse pendant des semaines, et le privent désormais de soins médicaux urgents. Elles doivent cesser de mettre sa santé et sa vie en danger, et ordonner immédiatement son transfert dans un hôpital, en attendant sa libération inconditionnelle », a déclaré Philip Luther.

Complément d’information

Arash Sadeghi purge depuis juin 2016 une peine de 15 ans de prison pour avoir mené des activités pacifiques en faveur des droits humains. Son épouse, Golrokh Ebrahimi Iraee, avait été condamnée à six ans de prison pour plusieurs chefs d’inculpation, dont « atteinte aux valeurs sacrées de l’islam ». Sa demande en révision judiciaire est actuellement examinée par la Cour suprême iranienne. Amnesty International considère ces deux personnes comme des prisonniers d’opinion.

Dans un rapport intitulé Health taken hostage : Cruel denial of medical care in Iran’s prisons, rendu public en juillet 2016, Amnesty International a indiqué que des prisonniers politiques se voyaient systématiquement priver de soins spécialisés dans un établissement extérieur à la prison lorsqu’ils en ont besoin, souvent en application d’une décision du ministère public, en particulier du bureau du procureur et de l’administration pénitentiaire.

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