L’arrestation d’un défenseur des droits humains augure de nouvelles répressions

Les autorités vietnamiennes doivent libérer immédiatement et sans condition Nguy ?n Vãn Ðài, un avocat défenseur des droits humains, qui a été arrêté pour « propagande contre l’État » peu après la tenue du dialogue Union européenne-Viêt-Nam sur les droits de l’homme à Hanoï, la capitale, a déclaré Amnesty International mercredi 16 décembre.

Selon une déclaration du ministère de la Sécurité publique, Nguy ?n Vãn Ðài a été placé en garde à vue mercredi 16 décembre et inculpé en vertu de l’article 88 du Code pénal, fréquemment invoqué afin d’incarcérer des militants et des défenseurs des droits humains non violents. Une autorisation de perquisition a été délivrée concernant sa maison à Hanoï.

Son arrestation survient un mois avant le Congrès national du Parti communiste du Viêt-Nam, qui a lieu tous les cinq ans et est souvent précédé de mesures de répression contre les dissidents.

« Nguy ?n Vãn Ðài est un militant courageux et passionné, qui mène à l’échelon national et international un travail de sensibilisation concernant les violations des droits humains dans un pays qui ne tolère pas la dissidence. Son arrestation met en évidence l’hyprocrisie de l’engagement du Viêt Nam en faveur des droits humains. Il doit être libéré immédiatement et sans condition », a déclaré Champa Patel, directrice pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique à Amnesty International.

« Le moment choisi pour l’arrestation de Nguy ?n Vãn Ðài est préoccupant, et il est possible qu’il marque le début d’une opération de répression visant ceux qui critiquent le gouvernement, similaire à celles qui ont précédé des congrès du parti par le passé. Au lieu d’enfermer ses opposants, le Viêt-Nam devrait voir le congrès du parti comme une occasion de réformer et de faire progresser le pays vers un véritable engagement en faveur des droits humains. »

Nguy ?n Vãn Ðài est un avocat spécialiste des droits humains connu et un ancien prisonnier d’opinion. Il a fondé en 2006 la Commission des droits humains au Viêt-Nam, une organisation dissidente désormais nommée Centre des droits humains du Viêt-Nam -, et a été l’un des premiers signataires d’une pétition en ligne pour la liberté et la démocratie au Viêt-Nam qui a recueilli le soutien de milliers de personnes.

Entre 2007 et 2011, Nguy ?n Vãn Ðài a purgé une peine de quatre ans d’emprisonnement pour propagande contre l’État. En avril 2013, il a fondé Brotherhood for Democracy, et encourt une deuxième peine de prison pour son engagement en faveur des droits humains. S’il est reconnu coupable de « propagande contre l’État », Nguy ?n Vãn Ðài risque d’être condamné à une peine pouvant aller de trois à 20 ans de prison. Depuis son arrestation le matin du 16 décembre, des militants vietnamiens l’ont décrit comme le Pu Zhiqiang de leur pays.

Cette arrestation est survenue 10 jours après que Nguy ?n Vãn Ðài et trois collègues ont été violemment agressés par 20 hommes en civil, après qu’ils ont animé un petit atelier sur les droits humains. Cette attaque est la dernière en date d’une série d’agressions physiques perpétrées contre des défenseurs des droits humains au Viêt-Nam ces 18 derniers mois, et qui ont été condamnées par les Nations unies, entre autres.

« Les autorités vietnamiennes doivent également prendre des mesures immédiates pour mettre fin aux manoeuvres d’intimidation, au harcèlement et autres formes d’attaques visant les défenseurs des droits humains, et établir une instance indépendante et impartiale chargée d’enquêter sur les responsables présumés et de les poursuivre le cas échéant », a déclaré Champa Patel.

Complément d’information

Amnesty International et d’autres ont réclamé à de nombreuses reprises que l’article 88 soit abrogé ou modifié afin d’être mis en conformité avec le droit et les normes internationaux en matière de droits humains, que le Viêt-Nam est tenu de respecter en sa qualité de signataire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Les autorités vietnamiennes ont indiqué que plusieurs lois relatives aux droits humains étaient en cours de préparation et seraient soumises à l’Assemblée nationale en 2016. Il s’agit entre autres de versions modifiées de lois relatives à la presse, aux associations, aux manifestations et à l’accès à l’information.

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit