Australie : L’entreprise Canstruct signe un contrat qui tire profit des atteintes aux droits humains

La société d’ingénierie civile Canstruct International Pty Ltd a conclu un contrat toxique concernant la gestion d’infrastructures à Nauru, où le gouvernement australien prend les réfugiés au piège d’un système qui s’apparente à de la torture

Canstruct, société australienne familiale, a signé un contrat pour gérer des centres de traitement des réfugiés sur l’île, où des centaines de personnes ont été transférées de force après avoir tenté de demander l’asile en Australie. Des représentants de l’État australien ont reconnu que ce système est délibérément éprouvant.

« Ce qui est si choquant, c’est que Canstruct accepte ce contrat malgré la montagne de preuves qui montrent que tout le système australien de traitement délocalisé des réfugiés est par nature abusif, a déclaré Audrey Gaughran, directrice du programme Thématiques mondiales à Amnesty International.

« L’entreprise assurera des services qui entretiennent un système enfermant des hommes, des femmes et des enfants dans un cycle de cruauté et de désespoir. »

Amnesty International a recueilli des informations démontrant que le système de traitement délocalisé des réfugiés mis en place par l’Australie est délibérément et intrinsèquement cruel et abusif au point d’être constitutif de torture – des conclusions qu’ont confirmé des experts de l’ONU.

Les réfugiés sont pris au piège d’un vide juridique et émotionnel sur l’île, où ils risquent également de subir des violences. En effet, des réfugiés et des demandeurs d’asile au centre de traitement des réfugiés à Nauru sont victimes d’attaques physiques et d’agressions sexuelles imputables à certains membres du personnel, et de violences de la part de certains habitants de l’île, sans que personne ne soit vraiment amené à rendre des comptes.

Des médecins et d’autres experts ont dénoncé le niveau insoutenable de souffrance psychologique et émotionnelle que subissent les réfugiés, dont beaucoup souffrent de graves troubles mentaux. Ils endurent une peur et un isolement exacerbés par les lacunes en matière de soins, qui privent les personnes souffrant de maladies chroniques des traitements adaptés.

Canstruct reprend le flambeau d’une autre entreprise australienne, Broadspectrum, qui appartient à la multinationale espagnole Ferrovial.

Ferrovial, qui a racheté Broadspectrum en avril 2016, a essuyé les critiques des organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International, pour son rôle et a décidé de mettre fin à ce contrat à compter du 31 octobre 2017. Broadspectrum gère les centres de traitement à Nauru depuis septembre 2012.

« Broadspectrum et Ferrovial font des millions de bénéfices sur le dos de la souffrance de personnes fuyant les persécutions. Canstruct doit se demander si elle souhaite devenir la prochaine entreprise à cautionner les politiques illégales du gouvernement australien et si elle est disposée à risquer sa responsabilité juridique en se rendant complice de ce système – comme l’ont fait Broadspectrum et Ferrovial », a déclaré Audrey Gaughran.

Complément d’information

Canstruct est une entreprise familiale d’ingénierie civile, basée à Brisbane, qui n’a pas d’expérience concernant les services d’aide aux réfugiés qu’elle s’est engagée à fournir à Nauru. Par le passé, elle a fourni des services de construction sur l’île de Nauru et a construit les centres de traitement des réfugiés dans le cadre de trois contrats pour une valeur finale cumulée de 650 millions de dollars australiens (430 millions d’euros). Canstruct détient aussi de nombreux autres contrats avec le gouvernement australien.

Les systèmes de traitement mis en œuvre par l’Australie à Nauru et sur l’île de Manus vont fondamentalement à l’encontre de la dignité humaine et Amnesty International pense qu’il serait impossible pour une entreprise de gérer les centres de traitement sans causer de graves atteintes aux droits humains ou y contribuer.

Toute entreprise qui fournit ces services agit en violation directe de ses responsabilités en matière de droits humains au titre des normes internationales sur les entreprises et les droits humains, s’exposant à une mise en cause de sa responsabilité pénale et à des demandes d’indemnisation.

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