AUSTRALIE. La suspension de l’examen de certaines demandes d’asile en Australie pourrait nuire aux personnes les plus vulnérables au monde

Communiqué de presse

ÉFAI- 9 avril 2010

Amnesty International condamne la décision du gouvernement australien de suspendre le traitement des nouvelles demandes d’asile déposées par des ressortissants afghans et sri-lankais, ce qui est tout à fait contraire aux obligations faites à l’Australie en vertu de la Convention des Nations unies relative au statut des réfugiés (1951).

«  Cette décision est choquante. Il semble malheureusement que le gouvernement australien s’efforce désormais de bafouer les droits des plus vulnérables », a déploré Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

Amnesty International craint par ailleurs vivement que cette décision ne se solde par le placement en détention arbitraire de personnes ayant des raisons légitimes de demander une protection.

La décision de suspendre l’examen des dossiers de demandeurs d’asile afghans et sri-lankais devance l’évaluation officielle sur place, par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), de la situation en matière de sécurité dans ces deux pays.

Amnesty International estime que l’initiative du gouvernement australien envoie un message dangereux à l’ensemble de la région Asie-Pacifique. Il existe une possibilité que cela incite d’autres gouvernements de la région à exercer des pressions sur le HCR afin qu’il cesse de traiter les demandes de ressortissants afghans et sri-lankais dans des pays tels que l’Indonésie et la Malaisie.

Amnesty International demande au gouvernement australien de rendre publiques les informations sur lesquelles il se base lorsqu’il affirme que les conditions en matière de sécurité en Afghanistan et au Sri Lanka se sont améliorées au point de justifier cette soudaine suspension générale.

«  Les raisons invoquées par le gouvernement pour expliquer cette décision apparemment unilatérale sont en contradiction avec les informations reçues par Amnesty International et d’autres organisations de défense des droits humains concernant la situation en Afghanistan et au Sri Lanka telle que la vivent de nombreuses personnes », a déclaré Sam Zarifi.

La procédure d’évaluation des demandes d’asile en Australie est rigoureuse et conforme aux critères, reconnus au niveau international, établis par la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés. Selon cette procédure, les personnes dont il s’avère qu’elles risquent la torture, la persécution ou la mort se voient offrir une protection. Les personnes dont la demande d’asile n’est pas considérée comme légitime sont renvoyées dans leur pays d’origine. L’Australie étant signataire de la Convention relative au statut des réfugiés, cette procédure doit être maintenue.

Il est établi que bien plus de 90 % des demandes de protection déposées par des personnes arrivant en Australie par bateau sont fondées. Cela signifie que l’énorme majorité des Afghans et des Sri-Lankais en quête d’asile en Australie ont des raisons légitimes de solliciter une protection. Compte tenu de cette statistique, il convient que le gouvernement australien s’explique davantage sur toute interdiction globale concernant ces deux groupes.

Au Sri Lanka, pour de nombreuses personnes, notamment les militants, les journalistes et quelques Tamouls, la situation reste précaire et dangereuse. De même, en Afghanistan, de nombreuses personnes, en particulier des militants et des journalistes, fuient les menaces réelles incarnées par les talibans ou les seigneurs de la guerre associés au gouvernement, tandis que les femmes, les personnes seules à la tête d’une famille, les mineurs non accompagnés, les victimes de traumatismes, les personnes dont l’état requiert une attention médicale et les personnes souffrant de handicaps sont exposés à des risques considérables.

« Rien ne justifie l’application par le gouvernement australien d’une suspension générale de l’examen des demandes d’asile déposées par des ressortissants afghans et sri-lankais », a conclu Sam Zarifi.

Amnesty International enquêtera afin de déterminer si cette décision constitue une infraction aux obligations auxquelles l’Australie est tenue en vertu de la Convention internationale sur l’élimination de toutes formes de discriminations raciales.

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