Cette réunion de quatre jours, qui a rassemblé des dirigeants de la région toute entière, n’a pas suffisamment abordé les besoins des personnes réfugiées ; la version du communiqué approuvée à l’issue du Forum ne contient aucune référence à une amélioration, axée sur les droits humains, des politiques en matière de réfugié-e-s.
« La situation désespérée des réfugié-e-s et demandeurs et demandeuses d’asile à Nauru requiert une action urgente, et le gouvernement australien peut encore assumer sa responsabilité en les évacuant vers l’Australie », a déclaré Roshika Deo, spécialiste du Pacifique à Amnesty International
« Si l’Australie refuse toutefois de changer de cap, elle ne doit pas entraver l’action de ceux qui souhaitent offrir à ces personnes la protection dont elles ont tant besoin. La Première ministre de la Nouvelle-Zélande a réitéré cette semaine l’offre, avancée de longue date par son pays, d’accueillir chaque année 150 personnes réfugiées sur l’île de Manus et à Nauru. L’Australie doit favoriser et non pas bloquer ce processus. »
Amnesty International déplore par ailleurs que les dirigeants de la région n’aient pas évoqué lors de la réunion la politique cruelle et abusive de l’Australie en ce qui concerne les réfugié-e-s. Une lettre ouverte cosignée par Amnesty International et plus de 90 autres organisations de la société civile cette semaine a demandé aux dirigeants des pays ayant participé au Forum d’accorder un degré de priorité élevé à la crise sanitaire qui ne cesse de s’aggraver à Nauru pour les enfants réfugiés, et réclamé la fin de cette politique honteuse.
« Le Forum des îles du Pacifique était l’occasion pour les dirigeants de cette région de dire que la coupe est pleine, et de montrer qu’ils ne resteraient pas inactifs tandis que la politique du gouvernement australien, contraire aux droits humains, met en péril d’autres vies », a déclaré Roshika Deo.
« Cette occasion a été complètement gâchée. Nous avons au contraire vu le gouvernement de Nauru faire des déclarations méprisables sur la nature de cas d’automutilations chez des enfants réfugiés, et sur le placement en détention d’une journaliste néo-zélandaise parce qu’elle avait parlé à un réfugié. »
Samedi 1er septembre, Baron Waqa, le président de Nauru, a affirmé durant un entretien télévisé que des enfants étaient poussés à s’automutiler par leurs familles et par des défenseurs des réfugié-e-s, déclarant : « C’est une manière d’exploiter le système, probablement de le court-circuiter, dans le seul but d’aller en Australie. » Cela a été suivi de l’arrestation par la police de Nauru de Barbara Dreaver, une journaliste néo-zélandaise travaillant pour une chaîne télévisée, mardi 4 septembre après l’interview d’un réfugié
Complément d’information
Le 19 juillet 2013, l’Australie a adopté une politique au titre de laquelle toute personne arrivant en bateau sur le territoire australien, y compris en Australie continentale, se voit interdire de demander l’asile dans le pays. Les personnes concernées sont transférées sur l’île de Manus en Papouasie-Nouvelle-Guinée ou à Nauru, et même celles qui sont reconnues en tant que réfugié-e-s ne sont jamais autorisées à s’installer en Australie.
Plus de 1 600 personnes se trouvent toujours sur l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et à Nauru, la majorité étant reconnues comme réfugiées. En vertu d’un accord bilatéral, qui prévoit que le gouvernement américain accueille jusqu’à 1 250 réfugié-e-s, près de 400 personnes ont rejoint les États-Unis en 2017.
Cependant, des centaines d’autres risquent de rester sur l’île de Manus et à Nauru pour une durée indéterminée dans des conditions épouvantables, sans aucune certitude quant à l’avenir.
En Papouasie-Nouvelle-Guinée, des personnes réfugiées et en quête d’asile ont été violemment agressées par des habitants, des employés et des représentants des autorités. À Nauru, de nombreuses informations font état de violences physiques et sexuelles, notamment contre des femmes et des enfants. Nauru et la Papouasie-Nouvelle-Guinée sont incapables de protéger les réfugié-e-s et les demandeurs et demandeuses d’asile, et le gouvernement australien refuse d’assumer ses responsabilités vis-à-vis de ceux qui demeurent sous son contrôle effectif dans ces territoires.