Ceux-ci veulent forcer des personnes secourues en mer à débarquer dans des endroits situés en dehors de l’Europe, où elles pourraient être exposées à de graves violations des droits humains.
Dans une lettre ouverte adressée au président du Conseil européen, Donald Tusk, à l’occasion du 5e anniversaire de l’« accord régional de réinstallation » conclu par l’Australie le 19 juillet 2013, l’organisation demande aux chefs d’État des pays de l’UE de tenir compte des leçons qu’il faut tirer de la politique illégale de l’Australie, en vertu de laquelle des milliers de réfugiés et de demandeurs d’asile ont été envoyés de force dans des camps à Nauru et sur l’île de Manus, où les conditions de vie restent très difficiles.
Elle fait suite à un accord conclu lors des réunions du Conseil européen des 28 et 29 juin 2018, qui vise à étudier l’idée de « plateformes de débarquement régionales » situées hors de l’UE, où les personnes secourues en mer seraient débarquées, et aux suggestions de certains ministres européens selon lesquelles les personnes secourues en mer Méditerranée devraient être débarquées en Libye.
« Ces propositions actuellement étudiées en Europe font écho à une situation qui nous est malheureusement familière, à nous en Australie. Au cours des cinq dernières années, nous avons constaté les conséquences dévastatrices et traumatisantes qu’ont sur les hommes, les femmes et les enfants les politiques cruelles et illégales du gouvernement australien, a déclaré Claire Mallinson, directrice d’Amnesty International Australie.
« L’exemple du gouvernement australien montre bien les dangers associés à une externalisation des responsabilités en ce qui concerne les réfugiés vers des pays qui n’ont ni la volonté ni les moyens de réinstaller correctement les réfugiés. »
« Nous demandons instamment aux États membres de l’UE, avant qu’ils ne mettent en place leur propre politique de débarquement, d’examiner longuement et de très près les pratiques généralisées de mauvais traitements et de négligence intentionnelle de la part des autorités observées à Nauru et sur l’île de Manus depuis 2013. La politique de l’Australie n’a absolument pas répondu aux besoins des réfugiés et des migrants, et il ne faut surtout pas qu’elle serve de modèle pour d’autres pays. »
Complément d’information
Le 19 juillet 2013, l’Australie a adopté une politique au titre de laquelle toute personne arrivant en bateau où que ce soit sur le territoire australien, y compris en Australie continentale, se voit interdire de demander l’asile dans le pays. Toute personne arrivant en bateau doit ainsi être transférée sur l’île de Manus en Papouasie-Nouvelle-Guinée ou à Nauru, et même les personnes s’étant vu reconnaître le statut de réfugié ne seront jamais autorisées à s’installer en Australie.
Plus de 1 600 personnes se trouvent toujours sur l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, et à Nauru, la majorité d’entre elles étant considérées comme des réfugiés. En application d’un accord bilatéral prévoyant que le gouvernement des États-Unis accepte de réinstaller jusqu’à 1 250 réfugiés, près de 400 réfugiés ont été envoyés aux États-Unis durant l’année écoulée.
Cependant, des centaines de réfugiés vont probablement rester sur l’île de Manus et à Nauru, où les conditions de vie sont épouvantables, pour une durée indéterminée, sans savoir de quoi sera fait leur avenir.
Amnesty International a demandé que les centres de détention pour réfugiés sur l’île de Manus soient fermés et que tous les réfugiés et demandeurs d’asile soient mis en sécurité en Australie. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a largement condamné ces politiques cruelles, soulignant que la population de personnes réfugiées présente le plus fort taux de maladie mentale au monde ; il a également demandé au gouvernement australien de mettre fin à la délocalisation du traitement des demandes d’asile et de transférer les réfugiés et les demandeurs d’asile qui se trouvent sur l’île de Manus et à Nauru en Australie, et de leur accorder une protection.