Amnesty International, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) et la Ligue pour la défense des droits de l’homme en Iran (LDDHI), qui est affiliée à la FIDH, ont appelé ensemble mardi 17 juillet les autorités iraniennes à libérer Mohammad Sadiq Kabudvand immédiatement et sans condition, en précisant que celles-ci sont responsables des risques pour sa vie résultant de la grève de la faim qu’il poursuit.
Les trois organisations de défense des droits humains considèrent Mohammad Sadiq Kabudvand, membre de la minorité kurde d’Iran, comme un prisonnier d’opinion détenu uniquement en raison de ses activités de journaliste et de défenseur des droits humains et pour avoir exercé de manière pacifique son droit à la liberté d’expression.
Mohammad Sadiq Kabudvand a entamé une grève de la faim « sèche », refusant également toute boisson, samedi 14 juillet 2012 au soir, mais il a accepté la demande de ses proches lui enjoignant de recommencer à boire de l’eau dans le courant de la semaine du 16 juillet (sans toutefois spécifier à quelle date exactement). Il a indiqué que, lorsqu’il cesserait sa grève « sèche », il poursuivrait en revanche la grève alimentaire, sans aucune nourriture, qu’il a débutée le 26 mai pour protester contre le refus des autorités iraniennes de lui accorder une nouvelle permission pour rendre visite à son fils malade. Ce dernier, nommé Pejman, souffre depuis janvier 2012 d’une pathologie qui n’a pas été diagnostiquée.
Depuis lors, Mohammad Sadiq Kabudvand a été autorisé à lui rendre visite à quelques rares occasions, dont la dernière remonte à fin avril ou début mai 2012, lorsque les autorités pénitentiaires l’ont conduit au chevet de son fils pour une visite qui a duré environ 30 minutes. Les autorités lui ont depuis refusé toute permission pour de nouvelles visites, malgré les dispositions prévues par la réglementation pénitentiaire en Iran qui autorisent ce type de visites sur une base discrétionnaire.
L’état de santé de Mohammad Sadiq Kabudvand s’est gravement détérioré depuis le début de sa grève de la faim visant à protester contre les conditions qu’il a décrites dans une lettre ouverte datée du 27 mai 2012 :
« Le procureur et les forces de sécurité continuent de me refuser une permission en raison de leur inimitié, de leur ressentiment et de leur malveillance à mon égard suscités par mes activités en faveur des droits humains, et ce bien que j’aie purgé la moitié de ma peine d’emprisonnement illégale et injuste et en dépit des maladies incurables de mon fils et de l’extrême urgence de la situation […]. Par conséquent, pour protester contre le comportement illégal et inhumain de ces autorités judiciaires et policières, j’ai entamé une nouvelle grève de la faim à durée indéterminée le samedi 26 mai 2012 à 21 heures. »
Le personnel médical et les médecins de la prison ont recommandé son transfert dans un hôpital à l’extérieur pour qu’il reçoive les soins médicaux dont il a besoin. Néanmoins, les autorités pénitentiaires ont refusé de le conduire à l’hôpital sans menottes au début du mois de juillet 2012.
Mohammad Sadiq Kabudvand, ancien rédacteur en chef de l’hebdomadaire Payam-e Mardom-e Kurdestan et fondateur de l’Organisation pour les droits humains du Kurdistan, purge une peine de 10 ans et demi de prison depuis le 1er juillet 2007 après avoir été condamné pour des faits ayant trait à ses activités de journaliste et de défenseur des droits humains.
Depuis qu’il est emprisonné, il aurait eu trois attaques cérébrales et au moins une crise cardiaque, des problèmes à la prostate et aux reins, ainsi que plusieurs épisodes de vertiges et de pertes de connaissance. Cependant, il n’a pas accès en permanence à tous les soins médicaux nécessaires.
Ann Harrison, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International, a déclaré : « Mohammad Sadiq Kabudvand est un prisonnier d’opinion, détenu uniquement en raison de ses activités de journaliste et de défenseur des droits humains et pour avoir exercé de manière pacifique son droit à la liberté d’expression. Il n’aurait jamais dû être arrêté et doit être libéré immédiatement et sans condition afin de pouvoir être avec sa famille en cette période éprouvante. »
Karim Lahidji, vice-président de la FIDH et président de la LDDHI, a ajouté :
« En attendant, les autorités iraniennes sont responsables des risques potentiels pour la vie de Mohammad Sadiq Kabudvand résultant de la grève de la faim qu’il poursuit et de son état de santé qui se dégrade.
« Aux termes de l’Ensemble de règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus, les autorités iraniennes sont tenues de prendre des mesures immédiates pour fournir des soins médicaux de toute urgence à Mohammad Sadiq Kabudvand. Elles doivent cesser de tourmenter un père en le privant du droit de rendre visite à son fils souffrant. »