Communiqué de presse

#AvecLesSyriens pour mettre fin aux terribles violations commises depuis le début des troubles, il y a trois ans Par Neil Sammonds, spécialiste de la Syrie à Amnesty International

Une jeune fille a été hospitalisée lorsqu’elle est tombée malade après que la faim ait poussé sa famille à tuer et manger un chien. D’autres personnes ont été admises à l’hôpital pour des maux causés par l’ingestion d’une cire dépilatoire à base de sucre et d’eau. Ce ne sont là que deux des terribles histoires que des professionnels de santé de Yarmouk, au sud de Damas, nous ont racontées sur le quotidien de cette zone en état de siège.

La qualité des soins qu’ils sont en mesure de prodiguer aux malades, aux blessés et à ceux qui ont faim pâtit elle aussi de cette situation. Les installations ont été anéanties par le siège paralysant imposé par les forces gouvernementales syriennes depuis plus d’un an. Depuis le début du siège, des soldats ont arrêté 12 professionnels de santé ; on ignore ce qui est advenu de six d’entre eux. De nombreux autres ont fui. Des magasins de matériel médical ont été détruits par les bombardements et pillés par des groupes d’opposition armés.

Comme nous l’avons indiqué dans notre rapport diffusé cette semaine, intitulé Squeezing the life out of Yarmouk : War crimes against besieged civilians (voir document), 194 personnes, apparemment toutes civiles, sont mortes dans ce quartier à cause du siège, la plupart de faim ou faute de soins médicaux. Depuis la publication de ce rapport, nous avons reçu des informations sur 14 autres civils décédés en raison du siège. L’un d’eux était Diyab Mahena, un professionnel de santé ayant succombé le 11 mars à ses blessures, après qu’on lui ait tiré dessus il y a un mois tandis qu’il quittait l’hôpital Palestine de Yarmouk, qui fonctionne partiellement.

Les quelque 20 000 civils palestiniens et syriens pris au piège et mourant de faim à Yarmouk font partie du quart de million de civils assiégés par les forces armées – essentiellement les forces gouvernementales – à travers la Syrie. Un chiffre sidérant. Ils appartiennent par ailleurs aux plus de 9,3 millions de personnes dont la situation nécessite une aide humanitaire en Syrie. Là aussi, un chiffre qui défie l’imagination.

Pour répondre aux besoins de ces personnes, il est absolument vital que les forces gouvernementales syriennes lèvent le siège à Yarmouk et dans d’autres zones civiles. Elles doivent autoriser les agences humanitaires à se rendre librement auprès des civils qui souffrent afin de les aider, non seulement dans ces zones mais également dans le reste du pays ; toutes les parties au conflit doivent permettre que l’aide humanitaire soit acheminée à ceux qui en ont besoin, le plus rapidement possible, notamment au-delà des frontières et des lignes de conflit.

Les appels actuellement lancés par Amnesty International et d’autres au gouvernement syrien, ainsi que des démarches similaires effectuées auprès des groupes armés d’opposition, viennent s’ajouter à nos innombrables autres exhortations de ces trois dernières années.

Le gouvernement syrien n’a hélas répondu positivement à quasiment aucune de nos requêtes. Il continue à recourir à une force excessive – notamment à une force meurtrière – contre des manifestants non violents. Il continue à arrêter des opposants présumés, et à les soumettre à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements. Les forces armées du gouvernement syrien continuent à prendre pour cible civils et biens de caractère civil, comme des hôpitaux et des écoles. Elles continuent à mener des attaques aveugles. Elles continuent à refuser que la commission d’enquête mandatée par les Nations unies puisse effectuer des recherches indépendantes sur ce qui se passe dans le pays. Et la liste est encore longue...

Les appels qu’Amnesty International et d’autres ont adressés aux groupes d’opposition armés sont également en grande partie restés lettre morte.

Face aux intolérables épreuves que le peuple syrien a endurées jusqu’à présent – et continuera à subir pendant encore un certain temps –, il est plus important que jamais qu’Amnesty International et d’autres organisations humanitaires et de défense des droits humains continuent à être solidaires des civils qui sont le plus lourdement touchés par ce conflit. Nous nous efforcerons d’enquêter et de recueillir des informations sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité, de faire campagne et de mener une action de pression afin que ces violations cessent, et de demander que toute personne soupçonnée de les avoir ordonnées ou commises soit déférée à la justice.

Au moins certains de nos appels ont été pris en compte, quoique tardivement, par le Conseil de sécurité, dans la résolution 2139 du le 22 février. Le moment est donc opportun pour exiger ensemble que le gouvernement s’exécute et mette fin aux sièges, aux massacres, à la mutilation de civils, à la décision délibérée d’affamer la population, à la torture et aux détentions arbitraires.

Cette mobilisation en faveur des civils en Syrie prendra notamment la forme de rassemblements silencieux jeudi 13 mars 2014 et aux alentours de cette date, lorsque nous nous joindrons à des milliers de militants du monde entier afin de montrer que nous sommes #AvecLesSyriens.

Passez à l’action :
Mettre fin aux souffrances des civils assiégés en Syrie

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