« L’arrêt de la Cour européenne révèle la complicité du système judiciaire azerbaïdjanais en vue de réduire au silence une journaliste de renom et d’attaquer le droit à la liberté d’expression dans le pays. Khadija Ismayilova a purgé une peine de prison pour de fausses accusations, et subit également depuis des années les manœuvres de harcèlement des autorités, l’intrusion dans sa vie personnelle et le dénigrement dans les médias contrôlés par l’État, a déclaré Natalia Nozadze, chercheuse sur le Caucase du Sud à Amnesty International.
« Cette décision témoigne aussi de la misogynie éhontée des autorités azerbaïdjanaises dans leur campagne de diffamation menée contre une femme journaliste.
« Nous leur demandons d’appliquer pleinement ce jugement. Elles doivent notamment verser l’indemnisation fixée, amener tous les auteurs présumés de violations des droits humains à rendre des comptes et mettre fin aux ingérences politiques dans le système judiciaire azerbaïdjanais. »
Complément d’information
Dans son arrêt du 7 mai, la Cour européenne des droits de l’homme a conclu que les autorités azerbaïdjanaises n’ont pas dûment protégé le droit à la vie privée de Khadija Ismayilova, contrairement à leur obligation au titre de de l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme. Cette violation découlait de l’implication active de journaux soutenus par l’État lors d’une vile campagne de dénigrement menée en 2012 contre Khadija Ismayilova, qui a subi un chantage à la « sextape » filmée par des caméras cachées dans son appartement, sans qu’elle puisse avoir accès à un recours utile pour cette violation.
Il s’agit du troisième arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme en faveur de Khadija Ismayilova. En février 2020, la Cour avait conclu que sa condamnation à sept ans et demi de prison, réduite par la suite à trois ans d’emprisonnement, avait été prononcée en septembre 2015 pour « faire taire Mme Ismayilova et la punir pour son travail de journaliste ».
En janvier 2019, la Cour européenne des droits de l’homme a statué que les autorités azerbaïdjanaises ont bafoué ses droits à la vie privée et à la liberté d’expression en s’abstenant de mener une véritable enquête sur l’affaire de la sextape.