Bahreïn. Des défenseurs des droits humains menacés

Déclaration publique

MDE 11/002/2006

Amnesty International demande au gouvernement de Bahreïn de mener une enquête sur plusieurs cas de harcèlement perpétré contre des défenseurs des droits humains dans le pays. Ces derniers mois, certains ont notamment été menacés, agressés ou poursuivis devant les tribunaux sur la base de fausses accusations. L’organisation engage les autorités à ouvrir une enquête indépendante et impartiale sur ces faits et à faire en sorte que tout agent de l’État responsable de violations des droits humains soit traduit en justice ou fasse l’objet de sanctions disciplinaires.

Abdel Raouf Al Shayeb, dirigeant du Comité national des martyrs et des victimes de la torture, a ainsi été inculpé de participation à un réseau de prostitution opérant dans le pays. Le 1er juillet, il a été condamné par défaut à un an d’emprisonnement. Il était accusé d’avoir – à l’aide d’un faux certificat de mariage – fait entrer sur le territoire bahreïnite une femme originaire d’Ouzbékistan, et d’avoir tiré profit de ses activités durant toute l’année 2003. Abdel Raouf Al Shayeb nie cependant avoir rencontré cette femme ; il a déposé une plainte auprès de la police lorsqu’il a appris que certaines personnes s’étaient servies de son nom pour la faire venir à Bahreïn. Cette plainte, dont Amnesty International a vu une copie, n’a apparemment pas fait l’objet d’une enquête appropriée. Abdel Raouf Al Shayeb a fait appel de sa condamnation, mais est actuellement réfugié à Londres et craint pour sa sécurité en cas de retour dans son pays.

Dans la nuit du 5 au 6 juillet, Abbas Abd Ali, membre du Comité des chômeurs et frère de Musa Abd Ali, l’un des fondateur de cet organisme, aurait été agressé près de son domicile. Selon les informations recueillies, plusieurs voitures ont entouré son véhicule après qu’il eut décliné son identité. Des hommes en civil l’ont alors fait sortir et l’ont violemment frappé. Retrouvé inconscient plusieurs heures plus tard, il a dû être soigné à l’hôpital.

Le 29 novembre 2005 vers 1 heure du matin, des hommes en civil avaient enlevé Musa Abd Ali près de son domicile et l’avaient emmené dans un lieu isolé non loin de là, dans le quartier Al Akr Al Gharbi de Manama. Ils l’auraient alors frappé, dévêtu et menacé de violences sexuelles, lui enjoignant de faire cesser les activités du Comité des chômeurs. Amnesty International avait alors demandé aux autorités bahreïnites d’entamer sans délai des investigations indépendantes sur ces faits, mais la lettre était restée sans réponse. Une enquête aurait toutefois été ouverte, mais Amnesty International ne sait pas quel résultat elle a donné ni même si elle a simplement abouti à quelque chose.

Amnesty International demande instamment au gouvernement de Bahreïn de veiller à ce que les défenseurs des droits humains ne soient pas harcelés, menacés ni soumis à des actes d’intimidation, conformément aux dispositions de la Déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales universellement reconnus [ONU]. L’organisation appelle les autorités à se montrer exemplaires sur ce point et rappelle qu’elles se sont engagées le 25 avril 2006, lors de la campagne qui a permis l’élection du Bahreïn au Conseil des droits de l’homme des Nations unies, à protéger et à garantir les droits humains.

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