Bahreïn doit cesser de prendre les manifestants pour cible tandis que deux autres personnes trouvent la mort en détention

12 avril 2011

Les autorités bahreïnites doivent révéler d’urgence le lieu de détention et le statut juridique de plus de 400 militants de l’opposition, principalement chiites, incarcérés au cours de ces dernières semaines, a déclaré Amnesty International le 12 avril, tandis que des informations faisant état de la mort en détention d’au moins trois d’entre eux exacerbent les craintes pour la sécurité de ces détenus.

Les forces de sécurité ont incarcéré le défenseur des droits humains Abdulhadi Alkhawaja et ses deux gendres, après avoir fait une descente le 9 avril au domicile de sa fille, où les trois hommes demeuraient. Abdulhadi Alkhawaja a été agressé avant d’être emmené pieds nus et sans être autorisé à prendre ses médicaments avec lui. On ignore où ses gendres et lui se trouvent. Une de ses filles a entamé une grève de la faim pour réclamer la libération de ses proches.

« Ces nouvelles arrestations témoignent du nombre croissant de militants de l’opposition qui sont jetés en prison pour avoir participé aux manifestations qui secouent Bahreïn depuis que les gens ont commencé à descendre dans les rues en février pour réclamer des réformes, a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Nous nous inquiétons de plus en plus pour la sécurité de ces détenus, surtout depuis que nous avons reçu des informations faisant état de deux nouveaux morts en détention samedi dernier. Les autorités bahreïnites doivent immédiatement révéler où se trouvent les détenus, leur permettre de contacter leurs avocats et leurs familles, et les protéger de tout acte de torture ou toute autre forme de violence. »

En comptant deux nouveaux morts le 9 avril, au moins trois détenus seraient maintenant décédés en détention depuis le début du mois, dans des circonstances troubles.

Selon le ministre bahreïnite de l’Intérieur, Ali Isa Saqer, détenu âgé de 31 ans, est mort à l’hôpital le 9 avril après que les forces de sécurité sont intervenues pour l’empêcher de provoquer des « troubles » dans la prison.

Deux autres détenus, Hassan Jassim Mohammed Makki, 39 ans, et Zakaria Rashid Al Ashiri, 40 ans, seraient morts respectivement le 3 et le 9 avril, alors qu’ils étaient incarcérés. Selon les autorités, le décès de ces deux hommes est dû à une anémie à hématies falciformes, une maladie sanguine héréditaire.

« Les autorités bahreïnites doivent veiller à ce qu’une enquête indépendante et minutieuse soit menée sans délai sur ces trois morts, a déclaré Malcolm Smart.

« Il est alarmant de constater autant de décès en aussi peu de temps, à une époque où la grande majorité des détenus sont incarcérés dans des lieux secrets et où il semble que personne ne puisse les contacter de façon indépendante. »

« Ces conditions sont idéales pour engendrer des actes de torture et d’autres graves atteintes aux droits humains. »

De mi-février à mi-mars 2011, Bahreïn a été secoué par des mouvements de protestation inspirés de ceux en Tunisie et en Égypte.

Les manifestants, dont la plupart est issue de la majorité chiite, se plaignent d’être victimes de la discrimination et de la marginalisation imposées par la minorité sunnite au pouvoir.

Certains demandent une nouvelle constitution, un gouvernement élu, une plus grande liberté et davantage de perspectives d’avenir. D’autres, dont beaucoup sont maintenant en détention, prônent l’instauration d’une république à la place de la monarchie.

Les forces de sécurité bahreïnites ont eu recours à une force excessive pour étouffer les mouvements de protestation de la mi-février, tuant sept manifestants et blessant des centaines d’autres.

Après une brève accalmie, et après que les manifestants ont commencé à organiser des défilés et des sit-in près du rond-point de la Perle et dans le quartier de Financial Harbour, à Manama, les forces de sécurité se sont lancées dans une répression brutale à la mi-mars, provoquant des affrontements qui ont fait de nouveaux morts et blessés.

Peu avant, le roi a déclaré l’état d’urgence et l’Arabie saoudite a envoyé un millier de troupes à Bahreïn pour défendre le gouvernement.

Le 11 avril, le ministre de l’Intérieur aurait annoncé la libération de 86 manifestants arrêtés après les mouvements de protestation, après que des poursuites ont été engagées contre eux.

Pour en savoir plus

Bahrain must free detained opposition activists (nouvelle, 18 mars 2011)

Nouveaux éléments attestant la brutalité des forces de sécurité bahreïnites (rapport, 17 mars 2011)


Condamnation de la violente répression à Bahreïn
(communiqué de presse, 15 mars 2011)

Les morts survenues lors de manifestations à Bahreïn mettent en évidence un recours excessif à la force par la police (communiqué de presse, 15 février 2011)

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