Bahreïn doit commuer les condamnations à mort prononcées contre des manifestants

23 mai 2011

Les autorités bahreïnites doivent infirmer les condamnations à mort prononcées contre deux militants pour le meurtre présumé de deux policiers commis le 16 mars durant les manifestations antigouvernementales, a déclaré Amnesty International lundi 23 mai.

La Cour d’appel pour la sûreté nationale de Bahreïn a confirmé la peine de mort imposée à Ali Abdullah Hassan al Sankis et Abdelaziz Abdelridha Ibrahim Hussain dimanche 22 mai. La cour a commué en peines de détention à perpétuité les sentences capitales de deux autres hommes accusés conjointement.

« La confirmation des sentences capitales prononcées contre ces deux hommes est plus qu’inquiétante. Certes, le gouvernement de Bahreïn a la responsabilité de protéger la population et de traduire en justice les responsables présumés de crimes violents, mais il ne doit pas procéder à ces exécutions. »

« La peine de mort est le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit et ne doit être appliquée en aucune circonstance. »


« Nous exhortons le roi Hamad bin Issa Al Khalifa à ne pas signer l’ordre d’exécution de ces deux manifestants et à commuer leurs condamnations sans plus attendre, a plaidé Malcolm Smart, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.
 »

« Le fait de mettre à mort ces deux hommes, mesure irrévocable, entraînerait Bahreïn encore plus loin dans la crise des droits humains que ce pays traverse actuellement. »

Les deux hommes, ainsi que trois coaccusés, ont été reconnus coupables du meurtre avec préméditation de deux policiers, c’est-à-dire coupables de les avoir renversés volontairement avec un véhicule le 16 mars.

Ce jour-là, les forces de sécurité bahreïnites, avec l’aide de troupes saoudiennes appelées en renfort pour mater les manifestations, ont lancé une nouvelle opération de répression, violente, contre les manifestants qui dénonçaient l’instauration par le roi de l’état d’urgence, baptisé état de sûreté nationale, le 15 mars.

Bien que civils, les cinq accusés ont été jugés à huis clos devant le tribunal de sûreté nationale, un tribunal militaire d’exception.

Ali Abdullah Hassan al Sankis et Abdelaziz Abdelridha Ibrahim Hussain pourraient être exécutés dans les jours qui viennent si leurs condamnations sont confirmées par la Cour de cassation de Bahreïn, chargée d’examiner uniquement les vices de forme de la procédure, et ratifiées par le roi.

À Bahreïn, les condamnés sont généralement passés par les armes.

Par ailleurs, autre sujet de préoccupation, un militant des droits humains bien connu a affirmé que des grenades lacrymogènes avaient été lancées dans sa maison, mettant en danger sa famille.

Selon Nabeel Rajab, directeur du Centre bahreïnite des droits humains, organisation interdite, ces grenades qui ont atterri chez lui aux premières heures de la matinée du 21 mai ont pratiquement asphyxié son frère, son épouse et sa fille, avant qu’ils ne puissent être mis en sécurité.

Cette attaque était la seconde ciblant la maison de Nabeel al Rajab en quelques semaines. En avril, des grenades lacrymogènes ont été lancées chez lui et dans la maison de sa mère, semble-t-il par des membres des forces de sécurité ou des personnes agissant sur leurs ordres. Personne n’a été arrêté pour ces agissements.

Les autorités lui ont interdit de sortir du pays, en raison de son rôle dans la dénonciation et la lutte contre les atteintes aux droits humains à Bahreïn.

Amnesty International exhorte le gouvernement bahreïnite à mener une enquête indépendante sur cette dernière attaque visant Nabeel Rajab et à lever toutes les restrictions qui lui sont imposées.

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