Communiqué de presse

Bahreïn doit immédiatement libérer un dirigeant de l’opposition

L’arrestation de l’éminent dirigeant de l’opposition Khalil al Marzouq à Bahreïn le 17 septembre s’inscrit dans le cadre des mesures prises en vue de resserrer l’étau autour de l’opposition politique dans le pays et de réduire au silence toute personne considérée comme critique envers les autorités, a déclaré Amnesty International.

« Khalil al Marzouq est un prisonnier d’opinion, incarcéré uniquement pour avoir critiqué vertement le gouvernement. Il doit être libéré immédiatement et sans condition, a estimé Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

Son arrestation est un nouveau coup porté au Dialogue national, que les autorités bahreïnites ont mis en avant pour annuler la visite d’un expert de l’ONU sur la torture dans le pays. Aussi véhément que soit son discours, Khalil al Marzouq n’aurait pas dû être arrêté pour avoir exprimé ses opinions. »

Khalil al Marzouq, secrétaire général adjoint d’al Wefaq, association politique qui représente la majorité de la population chiite à Bahreïn, et ancien chef de la Commission législative et juridique du Parlement, a été arrêté le 17 septembre.

Il a été interrogé par le procureur en présence d’un avocat pendant sept heures.

Khalil al Marzouq a été inculpé d’incitation à la violence pour avoir prononcé un discours critiquant le gouvernement le 6 septembre, lors d’un rassemblement politique auquel assistaient près de 6 000 personnes près du village de Saar. Durant son discours, un homme masqué est passé près du podium et lui a donné un drapeau blanc, qu’il a mis de côté. Ce drapeau serait le symbole du « Mouvement du 14 février », réseau peu structuré de groupes de jeunes créé en 2011 qui réclame la fin de la monarchie. Certains membres de ce mouvement sont actuellement jugés pour avoir fait usage de la violence.

Après avoir visionné la vidéo du discours prononcé le 6 septembre par Khalil al Marzouq, et particulièrement le passage du drapeau, Amnesty International estime qu’elle ne contient pas d’incitation à la violence.

Le procureur a ordonné le placement en détention de Khalil al Marzouq pour une durée de 30 jours, dans l’attente d’une enquête. S’il est déclaré coupable, il encourt une lourde peine de prison et peut être déchu de sa nationalité.

Khalil al Marzouq et al Wefaq se sont déclarés à maintes reprises contre la violence et favorables à des moyens pacifiques pour amener le changement.

« Au cours des derniers mois, le gouvernement de Bahreïn a multiplié les menaces et les attaques contre les associations politiques qui le critiquent, notamment contre al Wefaq. Il doit en finir avec ces pratiques. Les alliés de Bahreïn ne doivent plus se retrancher derrière le Dialogue national pour taire leurs critiques, au prétexte qu’elles pourraient faire dérailler le processus  », a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui.

Cette dernière arrestation intervient quelques jours seulement après qu’une déclaration conjointe du Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies sur la situation des droits humains à Bahreïn, signée par 47 pays, a souligné l’inquiétude soulevée par les violations des droits fondamentaux à Bahreïn.

En réaction à la détention de Khalil al Marzouq et d’autres graves violations, les associations de l’opposition ont annoncé le 18 septembre leur décision de suspendre leur participation au Dialogue national, qui venait tout juste de reprendre, après une interruption estivale de deux mois.

En juillet, le roi a adopté une série de décrets qui interdisent notamment les manifestations, les sit-in et les rassemblements publics à Manama pour une période indéterminée et durcissent les sanctions prévues par la loi antiterroriste de 2006. Début septembre, le ministre de la Justice a publié un décret ajoutant de nouvelles restrictions imposées aux associations politiques. Elles doivent désormais avertir le ministère de la Justice trois jours à l’avance de toute rencontre avec un diplomate étranger et cette rencontre doit se dérouler en présence d’un représentant du ministère des Affaires étrangères.

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