Bahreïn doit relâcher une militante emmenée de force d’une manifestation pacifique

Les autorités bahreïnites doivent relâcher une éminente militante arrêtée lors d’une manifestation pacifique, menottée et traînée de force sur le sol, a déclaré Amnesty International le 19 décembre 2011.

Zainab al Khawaja, blogueuse et militante, a été inculpée d’avoir participé à un rassemblement public illégal, méprisé le régime et agressé un policier. Son père et son mari ont tous deux été placés en détention à la suite des mouvements de protestation populaires qui ont eu lieu cette année.

Selon les autorités, cette femme a agressé le policier qui l’a arrêtée ; néanmoins, des images d’elle, assise toute seule sur un rond-point le 15 décembre en signe de protestation, avant d’être menottée et traînée sur le sol par les menottes jusque dans une voiture de police, contredisent la version officielle des faits.

« Les autorités bahreïnites doivent immédiatement libérer Zainab al Khawaja et Masuma Sayyid Sharaf, et abandonner les charges spécieuses qui pèsent sur ces deux personnes  », a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord.

Amnesty International a reçu des informations indiquant que Zainab al Khawaja a été frappée par les policiers hors caméra et qu’une de ses amies, Masuma Sayyid Sharaf, a été arrêtée lorsqu’elle a essayé d’intervenir. Cette dernière est inculpée des mêmes chefs d’accusation que son amie.

« L’arrestation de Zainab al Khawaja montre le profond mépris des autorités pour la liberté d’expression et les manifestations pacifiques, et remet en question la volonté du gouvernement bahreïnite de considérer sérieusement les conclusions de la Commission d’enquête indépendante de Bahreïn », a ajouté Hassiba Hadj Sahraoui.

Le mouvement de protestation antigouvernemental sur le rond-point a été organisé par plusieurs femmes la veille des célébrations de la fête nationale bahreïnite (16 décembre). Après que la police a eu recours à du gaz lacrymogène et des bombes sonores, les manifestants se sont dispersés mais Zainab al Khawaja, manifestante expérimentée, n’a pas bougé.

Après avoir été arrêtée, elle a été emmenée au poste de police d’Al Budaiye, à la périphérie de Manama, où elle aurait été de nouveau battue.

Zainab al Khawaja, qui publie des messages sur son blog et sur Twitter sous le nom d’« Angry Arabiya », est la fille d’Abdelhadi al Khawaja, un éminent défenseur des droits humains et militant de l’opposition.

Celui-ci a été condamné en juin dernier par un tribunal militaire à la réclusion à perpétuité, à l’issue du procès, motivé par des raisons politiques, de 21 militants de l’opposition, dont sept ont été jugés par contumace. Abdelhadi al Khawaja affirme avoir été torturé en détention (sa mâchoire a été brisée) et menacé de viol.

« Étant donné les mauvais traitements terribles endurés par son père Abdelhadi al Khawaja, nous sommes très inquiets pour la sécurité de Zainab alors qu’elle est en détention », a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui.

L’avocat de Zainab al Khawaja a informé Amnesty International qu’elle est détenue à Issa, au sud-ouest de Manama, et qu’elle ne peut recevoir aucun visiteur. Masuma Sayyid Sharaf et elle ont été interrogées au bureau du procureur général après leur arrestation, jusqu’à 5 heures du matin le 16 décembre.

À la demande de leurs avocats, toutes deux ont été envoyées chez un médecin samedi 17 décembre ; il semble que Zainab al Khawaja avait des hématomes sur les bras et les mains et souffrait de maux de tête après avoir été frappée à la tête.

Les deux femmes devraient comparaître devant un juge dans les prochains jours.

Le rapport de la Commission d’enquête indépendante de Bahreïn, publié en novembre et salué par le roi de Bahreïn, critique vivement l’attitude des autorités pendant les manifestations de février et mars derniers, ainsi que la force excessive et autres violences dont ont été victimes les manifestants pacifiques au cours des mois suivants.

« Les autorités bahreïnites doivent montrer que le rapport de la Commission est plus qu’un simple exercice de relations publiques et commencer à mettre en œuvre les recommandations de ce rapport. Elles doivent avant tout prendre les droits des manifestants au sérieux », a ajouté Hassiba Hadj Sahraoui.

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