Bahreïn : Il faut que cesse le harcèlement d’un ancien député

Les autorités de Bahreïn doivent immédiatement mettre fin au harcèlement, aux manœuvres d’intimidation et aux attaques visant Osama Muhana al Tamimi, ancien député connu pour ses opinions critiques à l’égard du gouvernement, a déclaré Amnesty International lundi 24 juin.

Au cours des deux derniers mois, des organes gouvernementaux ont convoqué arbitrairement Osama Muhana al Tamimi à plusieurs reprises pour l’interroger. Depuis 2012, les autorités lui font subir une campagne de dénigrement par le biais de la presse liée au gouvernement, en publiant de fausses accusations contre lui. Pendant cette période, elles ont refusé d’enquêter sur un certain nombre d’incidents graves menaçant ses activités et sa sécurité personnelle.

« Osama Muhana al Tamimi est l’une des rares voix sunnites qui expriment ouvertement des opinions critiques à Bahreïn. Son harcèlement n’est pas surprenant et illustre cruellement les divers moyens auxquels ont recours les autorités pour faire taire toute pensée indépendante dans le royaume, a déclaré Lynn Maalouf, directrice des recherches pour le Moyen-Orient à Amnesty International.

Le harcèlement et les manœuvres d’intimidation infligés à cet homme s’inscrivent dans le contexte d’une attitude de moins en moins tolérante des autorités, qui ont menacé d’arrêter et de poursuivre les personnes qui critiquent le gouvernement, notamment sur les réseaux sociaux.

Osama Muhana al Tamimi a intégré le Conseil des représentants (Parlement) de Bahreïn à la suite d’une élection partielle en octobre 2011. Lors d’un discours au Parlement en avril 2012, il a demandé la démission [1] du Premier ministre Khalifah bin Salman Al Khalifah. Le 11 février 2014, il a appelé à la libération du prisonnier d’opinion Nabeel Rajab [2] le président chiite du Centre bahreïnite des droits humains.

En novembre 2016, Osama Muhana al Tamimi a été condamné à un mois de prison [3] pour avoir « insulté » un policier. Lorsqu’il a été remis en liberté à l’issue de sa peine en 2017, les autorités l’ont obligé à payer des « frais » de plus de 66 000 dollars américains au poste de police d’al Hoora.

Le harcèlement et les manœuvres d’intimidation infligés à cet homme s’inscrivent dans le contexte d’une attitude de moins en moins tolérante des autorités, qui ont menacé d’arrêter et de poursuivre les personnes qui critiquent le gouvernement, notamment sur les réseaux sociaux.

« Trop de citoyens bahreïnites paient le prix fort pour avoir exprimé leur opinion dans le royaume. »

Le roi Hamad bin Isa Al Khalifa a fait savoir dans un discours [4] prononcé le 20 mai 2019 lors des festivités du ramadan qu’il avait « ordonné aux organes chargés de la sécurité de mettre un frein décisif » à la « mauvaise utilisation des réseaux sociaux ». Ce message a été immédiatement soutenu [5] et repris [6] par la Commission des Affaires étrangères du Majlis al Shura (Conseil consultatif), dont les membres sont nommés par le roi.

Le même jour, le 20 mai, le ministère de l’Intérieur a publié une déclaration [7] annonçant qu’il prenait « les mesures juridiques nécessaires contre les personnes participant » à des comptes de réseaux sociaux qui « ternissent la réputation de Bahreïn ».

« Trop de citoyens bahreïnites paient le prix fort pour avoir exprimé leur opinion dans le royaume. La répression exercée par les autorités ne fera pas disparaître les problèmes qu’ils soulèvent, mais continuera seulement d’alimenter le ressentiment et d’agrandir le fossé entre les citoyens et l’État, a déclaré Lynn Maalouf.

« Les alliés de Bahreïn, à savoir le Royaume-Uni et les États-Unis, doivent prêter attention aux conséquences de cette répression et faire pression sur les autorités bahreïnites pour qu’elles renoncent à cette pratique épouvantable consistant à réduire au silence les détracteurs pacifiques comme Osama Muhana al Tamimi. »

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