Bahreïn. L’appel de l’Europe pour libérer Nabeel Rajab

Le 19 novembre 2015, le député européen Pier Antonio Panzeri et 80 autres députés ont écrit une lettre à l’attention du roi de Bahreïn, Shaikh Hamed ben Issa al Khalifa, demandant au gouvernement bahreïnien de lever immédiatement l’interdiction de voyager du défenseur des droits humains Nabeel Rajab et d’abandonner toutes les charges retenues contre lui. Les 20 ONG internationales soussignées approuvent cette lettre et relaient l’appel à lever l’interdiction de voyager de Nabeel Rajab et à mettre fin au harcèlement judiciaire à son encontre.

Le défenseur des droits humains Nabeel Rajab est astreint à une interdiction de voyager et encourt jusqu’à 10 ans de prison pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression au Bahreïn. M. Rajab est le président du Centre bahreïnien pour les droits de l’homme (BCHR), le directeur fondateur du Centre du Golfe pour les droits de l’homme (GCHR), le secrétaire général adjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et un membre du Comité consultatif de la division Proche-Orient de l’organisation Human Rights Watch.

Nabeel Rajab avait déjà purgé une peine de prison de deux ans en 2012 pour trois affaires liées à sa participation à des rassemblements pacifiques pour les libertés fondamentales et la démocratie. Le 1er octobre 2014, il a été arrêté et mis en détention pendant un mois pour un tweet qu’il avait écrit alors qu’il était en Europe. Il a été condamné à six mois de prison le 20 janvier 2015 pour « outrage public aux institutions officielles ». Il a été vite relâché, après une grâce royale le 13 juillet 2015 prononcée à la suite de vives critiques par la communauté internationale et d’une résolution urgente du Parlement européen concernant cette affaire le 9 juillet 2015. Le jour de sa libération, le parquet a imposé une nouvelle interdiction de voyager à Nabeel Rajab à cause d’une autre affaire pénale pour laquelle il avait été arrêté le 2 avril 2015. Il a été accusé d’« insultes contre un organe public » et de « diffusion de fausses rumeurs en temps de guerre ». Il pourrait encourir jusqu’à 10 ans de prison à cause de ces accusations faisant suite à une série de tweets et d’articles d’opinion qu’il a écrits en mars 2015 au sujet du traitement auquel sont soumis les prisonniers de la prison de Jaww et de l’implication de Bahreïn dans la coalition menée par l’Arabie saoudite au Yémen.

Dans leur lettre, les députés européens soulignent le fait que le traitement qu’a infligé le gouvernement de Bahreïn à Nabeel Rajab enfreignait le droit international relatif aux droits humains, et que sa détention violait la Déclaration universelle des droits de l’homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. En outre, les députés européens rappellent l’existence de la résolution urgente du Parlement européen du 9 juillet 2015 appelant à la suppression des charges retenues contre Nabeel Rajab. Ils décrivent sa libération comme « une demi-mesure » puisqu’il « reste soumis à une interdiction de voyager » qui « limite grandement ses libertés et est un obstacle évident » à ses actions en faveur des droits humains.

De plus, les députés européens demandent la mise en œuvre des recommandations du rapport de 2011 de la Commission d’enquête indépendante de Bahreïn (BICI) et de l’Examen périodique universel de 2012 du Conseil des droits de l’homme sur le Bahreïn. Ils demandent également la mise en œuvre des appels répétés de l’Union européenne concernant la situation des droits humains au Bahreïn qui ont été faits via les résolutions d’urgence sur la situation des droits humains au Bahreïn de mars 2012, janvier 2013, septembre 2013 et février 2014. Les membres signataires du Parlement européen condamnent en particulier la « criminalisation de la différence d’opinion et de la liberté de parole » au Bahreïn, ainsi que le mauvais traitement et l’emprisonnement de centaines de défenseurs des droits humains, de militants civils et politiques, y compris de mineurs.

Les ONG signataires soutiennent l’appel des députés européens demandant au gouvernement du Bahreïn de respecter ses obligations en matière de droits humains. Ainsi, nous demandons au gouvernement bahreïnien d’abandonner toutes les charges retenues contre Nabeel Rajab et de lever son interdiction de voyager, ainsi que de mettre pleinement en œuvre les recommandations du BICI et de respecter le droit international relatif aux droits humains. L’Union européenne devrait agir concrètement pour empêcher les violations des droits humains et arrêter les poursuites judiciaires des autorités bahreïniennes contre des défenseurs des droits humains pacifiques.

Les ONG signataires :

Americans for Democracy and Human Rights in Bahrain (ADHRB)
Amnesty International
Réseau arabe pour l’information sur les droits de l’homme (ANHRI)
Bahrain Institute for Rights and Democracy (BIRD)
Centre pour les droits de l’homme du Bahreïn (BCHR)
Canadian Journalists for Free Expression (CJFE)
CIVICUS
English PEN
European Centre for Democracy and Human Rights (ECDHR)
Front Line Defenders
Centre du Golfe pour les droits de l’homme (GCHR)
Index on Censorship
Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme (FIDH), dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseurs-es des droits de l’homme
Service international pour les droits de l’homme (ISHR)
Lawyer’s Right Watch Canada
Fondation Maharat
PEN International
Fondation Rafto pour les Droits de l’Homme
Reporters sans frontières (RSF)
Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseurs-es des droits de l’homme

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