Bahreïn : le pays se prépare à de nouvelles manifestations au moment où l’état d’urgence va prendre fin

Amnesty International a exhorté les autorités bahreïnites à ne pas avoir de nouveau recours à une force excessive à l’égard de manifestants alors que des militants ont appelé à des rassemblements antigouvernementaux de grande ampleur dans tout le pays mercredi 1er juin.

Cet appel a été lancé alors que l’état d’urgence répressif imposé à la suite de précédents mouvements de protestation doit être levé par le roi de Bahreïn à cette date.

« Les autorités bahreïnites ne doivent pas refaire les mêmes erreurs qu’en février et mars, lorsque les manifestations, pacifiques pour la plupart, avaient été violemment réprimées par les forces de sécurité gouvernementales, a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« À la levée de l’état d’urgence, les autorités doivent permettre à la population d’exercer pacifiquement ses droits à la liberté d’expression et d’association », a-t-il ajouté.

À l’instigation de la coalition des jeunes du 14 février, le groupe qui a appelé au premier rassemblement organisé en début d’année afin de réclamer des réformes politiques, les manifestants demandent au gouvernement de mettre fin aux violations des droits humains.

Selon les autorités bahreïnites, au moins 24 personnes, dont quatre policiers, sont décédées lors d’affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants depuis le début des troubles, en février.

Au moins 500 manifestants ont été arrêtés et quatre sont morts en détention dans des circonstances suspectes. Par ailleurs, au moins deux mille personnes ont été renvoyées ou suspendues de leurs fonctions en raison, semble-t-il, de leur participation aux manifestations.

Parallèlement à cela, le procès de 14 éminents militants de l’opposition devant un tribunal militaire doit se poursuivre mercredi 1er juin.

Ces personnes, chiites pour la plupart, ont été inculpées d’infractions liées aux manifestations en faveur des réformes qui ont débuté en février.

« Les prévenus sont probablement des prisonniers d’opinion, détenus uniquement pour avoir exercé leur droit d’exprimer pacifiquement leurs opinions politiques en public. Si tel est le cas, ils doivent être libérés immédiatement et sans condition », a indiqué Malcolm Smart.

Un tribunal militaire a été institué dans le cadre de l’état d’urgence. Il est chargé exclusivement de juger les personnes accusées d’infractions liées à cette mesure, bien qu’il s’agisse essentiellement de civils.

Cette juridiction continuera à fonctionner après la levée de l’état d’urgence. Elle a déjà condamné à mort quatre personnes, dont deux ont vu leur sentence commuée en peine de réclusion à perpétuité en appel, et en a placé d’autres en détention pour avoir participé à des manifestations pacifiques en mars.

Amnesty International a appelé à plusieurs reprises le gouvernement bahreïnite à ne pas faire juger de civils par des tribunaux militaires car ces juridictions ne sont pas indépendantes et ne respectent pas les normes internationales d’équité des procès.

Pour en savoir plus :

Les exigences de changement en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (page spéciale)

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