Bahreïn : le rapport de la Commission d’enquête doit être l’occasion de rendre justice aux manifestants victimes de violences

La publication cette semaine d’un rapport sur les événements survenus à l’occasion des manifestations en faveur de la réforme à Bahreïn début 2011 est l’occasion pour le gouvernement de rendre justice aux victimes de violations des droits humains, a déclaré Amnesty International lundi 21 novembre 2011.

Les conclusions du rapport de la Commission d’enquête indépendante du Bahreïn (BICI) vont être rendues publiques le 23 novembre à Manama, après plusieurs mois d’enquête sur les violations qui auraient été commises pendant et après les manifestations de février et de mars.

« La publication de ce rapport est l’occasion pour les autorités bahreïnites de prouver leur intention de rendre justice aux victimes et de traduire dans les faits leurs promesses de réforme », a déclaré Philip Luther, directeur par intérim d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

« L’ouverture de cette enquête indépendante sur les manifestations de Manama et les événements qui ont suivi était une mesure très positive, mais cette enquête ne servira à rien si les recommandations du rapport ne se traduisent pas par des mesures concrètes de réparation pour les victimes. »

Créée par une ordonnance royale en date du 29 juin 2011, la BICI est présidée par Cherif Bassiouni, éminent professeur de droit égyptien, expert auprès des Nations unies en matière de crimes de guerre.

Les membres de cette Commission ont eu accès à des documents officiels et ont interrogé les victimes présumées des violences commises à la suite des manifestations qui se sont tenues en février et en mars au rond-point de la Perle, à Manama – maintenant appelé rond-point du CCG (Conseil de coopération du Golfe).

Parmi les personnes interrogées figuraient un grand nombre de victimes d’atteintes aux droits humains, de témoins, de détenus, de membres des forces de sécurité, de représentants de partis politiques et de responsables gouvernementaux.

À partir du moment où les autorités bahreïnites ont tenté de faire cesser les manifestations, les allégations de violences se sont multipliées. Elles faisaient état notamment de passages à tabac de manifestants par les forces de sécurité, d’arrestations massives de militants de l’opposition principalement shiites, de multiples cas de torture et de quatre décès en détention. Depuis février, au moins 35 personnes ont trouvé la mort pendant les manifestations ou en lien avec celles-ci.

Les forces de sécurité bahreïnites ont arrêté plus de 500 personnes à la suite de ces manifestations. Par ailleurs, plus de 2 000 employés d’institutions financées par l’État ont été licenciés ou suspendus de leurs fonctions pour leur soutien présumé aux manifestations, et beaucoup n’ont toujours pas été réintégrés.

Des dizaines de personnes exerçant des professions intellectuelles, comme des médecins ou des enseignants, ont été jugées par un tribunal militaire inéquitable sur des accusations fabriquées de toutes pièces en lien avec les manifestations. Ces affaires ont depuis été transférées à des tribunaux civils, mais la plupart restent en instance.

Tout récemment encore, samedi 19 novembre, un jeune garçon de 16 ans est mort renversé par une voiture de police pendant une manifestation. Les autorités bahreïnites affirment que le véhicule a dérapé sur une flaque d’huile répandue par les manifestants opposés au gouvernement. Le lendemain, lors des funérailles de la victime, les forces de sécurité auraient utilisé des gaz lacrymogènes contre les participants au cortège funèbre.

« Il est indispensable que les recommandations du rapport de la BICI aboutissent à une véritable volonté du gouvernement bahreïnite d’adopter des mesures durables pour améliorer la situation des droits humains dans ce pays », a souligné Philip Luther.

« Les autorités doivent non seulement traduire en justice les auteurs de violations des droits humains, mais aussi offrir réparation aux victimes, réintégrer à leurs postes les personnes qui ont été licenciées et réformer la législation qui érige en infraction les rassemblements publics. »

À l’invitation du gouvernement du Bahreïn, Amnesty International et d’autres organisations indépendantes de défense des droits humains assisteront au lancement du rapport de la BICI.

Plusieurs organisations bahreïnites de la société civile prévoient de publier leur propre rapport collectif sur le sujet le 22 novembre, et des manifestations sont prévues à l’occasion de la publication du rapport de la BICI.

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