Communiqué de presse

Bahreïn. Les autorités doivent annuler les condamnations prononcées contre des professionnels de la santé

La Haute Cour criminelle d’appel de Manama a confirmé la condamnation de neuf professionnels de la santé jugés pour leur rôle dans les manifestations antigouvernementales qui ont eu lieu en 2011. Amnesty International demande aux autorités bahreïnites d’annuler ces condamnations.

La Cour a réduit les sentences prononcées contre neuf médecins, allant d’un mois à cinq ans de prison, pour leur rôle présumé dans les manifestations. Ils étaient notamment inculpés de « tentative de renversement du régime par la force », de « rassemblement illégal » et d’« incitation à la haine contre une autre secte ». Neuf autres médecins et soignants ont été acquittés.

« C’est un jour sombre pour la justice à Bahreïn, a déploré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« Il s’agit là d’accusations à caractère politique ciblant des professionnels de la santé qui s’efforçaient de sauver des vies dans des circonstances extrêmement difficiles. »

Deux autres médecins, condamnés en première instance à 15 ans de prison, ont vu leur appel rejeté au motif qu’ils n’étaient pas présents durant toute la procédure. Leurs condamnations à 15 ans de prison, prononcées par un tribunal militaire, sont maintenues jusqu’à ce qu’ils fassent appel.

Pour la plupart, ces 20 professionnels de la santé travaillaient au complexe médical de Salmaniya, dans la capitale Manama, en février et mars 2011, lorsque les forces de sécurité ont recouru à une force excessive afin de réprimer les manifestations antigouvernementales.

Aucun élément n’a été présenté prouvant qu’ils avaient commis un crime quelconque et Amnesty International estime que les accusations portées à leur encontre ne sont pas fondées.

L’un d’entre eux, Ghassan Dhaif, a été inculpé de « rassemblement illégal », d’« incitation à la haine contre une autre secte » et d’« enlèvement à des fins terroristes ». Toutefois, sa sentence a été réduite de 15 à un an de prison.

« Si j’ai bénéficié de cette clémence, c’est grâce aux pressions de la communauté internationale, mais nous ne devons pas nous relâcher tant que nous n’avons pas été acquittés, a déclaré Ghassan Dhaif à Amnesty International.

« J’ai fait venir six témoins qui ont contredit les accusations. Toutes les charges et le procès lui-même sont politisés. En fait, je suis sanctionné pour avoir parlé à la presse. »

Parallèlement, des ordonnances de placement en détention ont été émises à l’encontre de quatre des accusés : Ali Esa Mansoor al Ekri, Ghassan Ahmad Ali Dhaif, Ebrahim Abdullah Ebrahim et Saeed Mothaher Habib al Samahiji.

« Les condamnations qui viennent d’être confirmées rappellent que la véritable raison pour laquelle ces personnes ont été visées est le fait qu’elles ont dénoncé haut et fort, lors d’entretiens avec des médias internationaux, la force excessive employée par les forces de sécurité contre des manifestants pacifiques, et ont exercé leurs droits à la liberté d’expression et d’association au cours de défilés et manifestations, a indiqué Hassiba Hadj Sahraoui.

« S’ils sont incarcérés, Amnesty International considérera ces professionnels de la santé comme des prisonniers d’opinion, détenus uniquement pour avoir exprimé sans violence leurs idées. En les condamnant de la sorte, les autorités bahreïnites ne font que mettre en évidence l’absence d’indépendance de la justice. »

Beaucoup d’entre eux affirment avoir été torturés en détention. Ils auraient notamment été battus, roués de coups de pied, soumis à des décharges électriques, contraints de rester debout pendant des heures, privés de sommeil et placés à l’isolement, et se seraient vus empêcher d’aller aux toilettes. Il semble qu’aucune enquête indépendante n’a été rendue publique sur ces allégations.

« Ces allégations de torture sont profondément gênantes. Les autorités bahreïnites doivent immédiatement révéler si elles ont fait l’objet d’investigations, rendre publiques leurs conclusions et veiller à ce que les responsables présumés de ces agissements soient déférés à la justice », a conclu Hassiba Hadj Sahraoui.

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