Bahreïn : les forces de sécurité répriment les manifestations en utilisant du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc

14 mars 2011

Amnesty International a appelé les autorités bahreïnites à amener les forces de sécurité à rendre des comptes pour leur usage excessif de la force après que la police a tiré des balles en caoutchouc à bout portant sur des manifestants dans la capitale, Manama.

Plusieurs centaines de manifestants auraient été blessés au cours du week-end. Vendredi 11 mars, des manifestants antigouvernementaux ont tenté de défiler jusqu’au palais royal, à Riffa, mais ils ont été bloqués par les forces de sécurité et des sympathisants armés du gouvernement.

Dimanche 13 mars, la police a utilisé des matraques, projeté du gaz lacrymogène et tiré des balles en caoutchouc contre des personnes qui essayaient de bloquer le quartier financier de Manama et manifestaient à l’université de Bahreïn.

Ces troubles sont les premières violences de grande ampleur depuis que le prince héritier Salman bin Hamad al Khalifa a déployé l’armée dans les rues il y a presque trois semaines.

« Ce nouveau recours à une force excessive par les forces de sécurité de Bahreïn est alarmant et inacceptable, a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. Le gouvernement doit maintenant maîtriser ses forces. Les responsables présumés des attaques visant des manifestants pacifiques et du recours à une force excessive doivent être amenés à rendre des comptes.

« Le gouvernement doit agir immédiatement, avant que la situation ne se dégrade encore. Les violences auxquelles nous avons assisté en février, quand sept manifestants ont été tués par les forces de sécurité, ne peuvent pas se reproduire. Il ne doit pas y avoir d’impunité pour les homicides illégaux. »

Le gouvernement a désigné le vice-Premier ministre pour diriger une enquête sur les morts causées en février quand la police a utilisé des fusils et du gaz lacrymogène contre des manifestants inspirés par les soulèvements en Tunisie et en Égypte qui réclamaient une réforme politique à Bahreïn. Cependant, peu de détails concernant cette enquête ont été rendus publics.

Vendredi 11 mars, des violences ont éclaté lorsque des policiers antiémeutes ont barré la route pour empêcher plusieurs dizaines de milliers de manifestants, chiites pour la plupart, de se diriger vers le palais royal. Ils ont projeté du gaz lacrymogène et tiré des balles en caoutchouc sur la foule.

Des manifestants progouvernementaux armés d’épées, de bâtons et de massues se sont alors rassemblés pour protéger le quartier, principalement sunnite. Selon certaines sources, la police a tenté de séparer les deux groupes de manifestants, mais des affrontements s’en sont suivis.

Des médecins du centre de santé Aali, situé à proximité, où de nombreux manifestants antigouvernementaux ont été conduits après avoir été blessés, ont indiqué que la plupart avaient été soignés pour des suffocations liées au gaz lacrymogène ou des fractures provoquées par des coups de massue et de bâton.

Dimanche 13 mars, la police antiémeutes a attaqué des manifestants qui tentaient de bloquer l’accès au quartier financier national, Bahrain Financial Harbour, blessant une centaine de personnes.

Des manifestants antigouvernementaux ont également affronté les forces de sécurité et des sympathisants du gouvernement à l’université de Bahreïn.

Certains États voisins du Golfe tels que l’Arabie saoudite auraient envoyé des troupes à Bahreïn pour aider le gouvernement.

Un nouveau rapport d’Amnesty International, intitulé Bloodied but Unbowed : Unwarranted State Violence against Bahraini protesters, qui sera publié cette semaine, fait état de l’utilisation de balles réelles et du recours à une force extrême contre des manifestants pacifiques par les forces de sécurité en février, ainsi que d’attaques contre du personnel médical essayant d’aider les blessés. Ce document appelle le gouvernement à amener les responsables présumés de ces actes à rendre des comptes.

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