Communiqué de presse

Bahreïn doit libérer des prisonniers d’opinion à l’approche de leur procès en appel

Bahreïn doit libérer tous les prisonniers d’opinion immédiatement et sans condition, a déclaré Amnesty International lundi 23 juillet, à l’approche des procès en appel dans deux affaires concernant un éminent défenseur des droits humains et un groupe de professionnels de la santé.

Le 24 juillet, un tribunal examinera l’appel interjeté par le militant des droits humains Nabeel Rajab de sa condamnation à trois mois de prison pour diffamation, en raison d’un message qu’il a publié sur Twitter. Son procès en appel a été reporté le 18 juillet.

Dans une autre affaire, un groupe de neuf professionnels de la santé, dont les condamnations ont été confirmées en appel en juin pour leur rôle dans des manifestations antigouvernementales en 2011, ont été cités à comparaître devant la Cour de cassation dans la capitale Manama le 30 juillet.

Amnesty International a par le passé adopté Nabeel Rajab comme prisonnier d’opinion et déclaré que si les neuf professionnels de la santé actuellement en liberté sous caution étaient incarcérés, elle les considérerait comme des prisonniers d’opinion, détenus uniquement pour avoir exercé sans violence leur droit à la liberté d’expression.

« La comédie de la justice dure depuis trop longtemps à Bahreïn, et tous les prisonniers d’opinion doivent être remis en liberté immédiatement et sans condition avant que ces procès en appel n’aient lieu, a affirmé Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« Toutes les condamnations à leur encontre doivent être annulées. »

Nabeel Rajab

Les charges retenues contre Nabeel Rajab, président du Centre des droits humains de Bahreïn et directeur du Centre du Golfe pour les droits humains, sont en lien avec un tweet daté du 2 juin, dans lequel il s’adressait au Premier ministre bahreïnite, Khalifa Bin Salman Al Khalifa, à la suite de la visite officielle de ce dernier dans la région d’al Muharraq.

Le 6 juin, Nabeel Rajab a été arrêté après que plusieurs habitants d’al Muharraq ont porté plainte au sujet de ce tweet. Il a été inculpé de diffamation le 14 juin et libéré sous caution le 27 juin.

À la suite d’une audience le 9 juillet, il a de nouveau été arrêté et incarcéré à la prison de Jaw, à Manama.

Les professionnels de la santé d’Al Salmaniya

Neuf employés de l’hôpital d’Al Salmaniya à Manama ont été cités à comparaître devant la Cour de cassation le 30 juillet.

Le 14 juin, la Haute Cour criminelle d’appel de Manama a confirmé les condamnations pour diverses infractions, notamment pour « incitation à renverser le régime par la force », « rassemblement illégal » et « incitation à la haine contre une autre communauté » – nombre d’entre eux avaient dénoncé avec vigueur dans les médias internationaux le recours excessif à la force contre les manifestants. Amnesty International estime qu’ils n’ont ni recouru à la violence ni prôné son usage.

Ils ont été condamnés à des peines allant d’un mois à cinq ans de prison, mais cinq des prévenus ont déjà passé toute la durée de leur peine derrière les barreaux. Neuf autres professionnels de la santé, jugés dans le cadre du même procès, ont été précédemment relaxés.

Si les quatre professionnels de la santé restants – Ali Esa Mansoor al Ekr, Ebrahim Abdullah Ebrahim, Ghassan Ahmed Ali Dhaif et Saeed Mothaher Habib Al Samahiji – ou tout autre membre du groupe sont incarcérés, Amnesty International les considérera comme des prisonniers d’opinion.

Les militants de l’opposition

Amnesty International est également préoccupée par la décision récente d’un juge de tenir les prochaines audiences du procès concernant 13 opposants bahreïnites de renom à huis clos, et de filmer les audiences.

Face à cette décision, les 13 hommes, qui clament leur innocence et sont des prisonniers d’opinion maintenus derrière les barreaux en raison de leurs activités politiques pacifiques depuis 2011, ont demandé à leurs avocats de ne plus les représenter. Le tribunal a depuis lors désigné de nouveaux avocats commis d’office.

Plusieurs accusés ont pris la parole lors de précédentes audiences pour décrire les actes de torture et autres mauvais traitements qu’ils auraient subis en détention, notamment des violences sexuelles, pour leur extorquer des « aveux ».

Ils purgent des peines de prison allant de deux ans à la perpétuité pour de fausses accusations liées à leur participation à des manifestations en faveur de la réforme début 2011.

« Ces hommes ne devraient même pas être jugés pour avoir exercé leurs droits ; pourtant, ils sont non seulement jugés, mais le procès se déroulera à huis clos, ce qui témoigne d’une volonté manifeste de dissimuler la vérité », a indiqué Hassiba Hadj Sahraoui.

Amnesty International continue de réclamer la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers d’opinion à Bahreïn et engage les autorités à mener une enquête indépendante sur toutes les allégations de torture en détention et à déférer les responsables présumés à la justice dans le cadre de procès équitables.

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