« C’est un soulagement que Nabeel Rajab retrouve enfin ses proches, qui ont courageusement poursuivi leur campagne publique sans relâche afin que ce jour arrive, a déclaré Lynn Maalouf, directrice des recherches sur le Moyen-Orient à Amnesty International.
« Cependant, même si l’heure est à la célébration, on ne peut faire abstraction du fait qu’il a passé près de quatre années injustement séparé d’eux, ni oublier les nombreux autres militants pacifiques qui demeurent détenus à Bahreïn.
« La libération de Nabeel doit maintenant s’accompagner de l’annulation de sa condamnation et de l’abandon des éventuelles charges toujours retenues contre lui en raison de l’expression pacifique de ses opinions. Il faut que les autorités mettent fin à l’injustice qui lui a été infligée.
« Au lieu de le libérer dans le cadre d’une commutation de sa peine en sanction non privative de liberté, elles doivent annuler toutes les condamnations prononcées contre lui et veiller à ce qu’il puisse demander réparation pour les violations qu’il a subies pendant toute cette période.
« Les autorités de Bahreïn doivent en outre libérer tous les militants détenus uniquement pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression et d’autres droits fondamentaux.
« Face aux craintes d’épidémie de COVID-19 dans les prisons, elles doivent de toute urgence envisager d’autres mesures pour réduire la population carcérale et garantir le droit à la santé de toutes les personnes détenues. »
Nabeel Rajab a été remis en liberté mardi 9 juin après qu’un tribunal a accepté de prononcer une sanction alternative à sa peine d’emprisonnement, selon l’un de ses avocats, Mohamed Al Jishi. Il purgera une peine non privative de liberté pendant les trois ans qui restent de sa peine initiale.
Les termes de la peine de substitution ne sont pas encore bien définis, mais ils pourraient comprendre, selon la Loi n° 18 de 2017, des sanctions alternatives telles qu’une assignation à domicile, une interdiction du territoire ou des mesures de restriction.
Complément d’information
Nabeel Rajab est un défenseur des droits humains de premier plan à Bahreïn. Il a été pris pour cible à maintes reprises en raison de ses activités en faveur des droits humains et de ses critiques au fil des 20 dernières années. Avant sa dernière période de détention qui a duré quatre ans, il a été emprisonné et libéré à plusieurs reprises en 2012, 2014 et 2015.
En 2002, il a cofondé le Centre bahreïnite pour les droits humains, qui demeure, malgré le retrait de son autorisation en 2004, l’une des principales organisations de défense des droits humains travaillant sur Bahreïn. Abdulhadi Al Khawaja, un autre de ses cofondateurs, est toujours détenu illégalement.
Nabeel Rajab a été arrêté le 13 juin 2016 en représailles à des commentaires publiés sur son compte Twitter en mars 2015 au sujet du conflit armé au Yémen, à l’époque où la coalition dirigée par l’Arabie saoudite avait lancé sa campagne militaire, et d’allégations de torture à la prison de Jaww à la suite d’une mutinerie. Il est resté en détention tout au long de l’enquête et du procès en première instance et en appel. Le 31 décembre 2018, la Cour de cassation avait confirmé sa peine de cinq années d’emprisonnement pour « diffusion de fausses rumeurs en temps de guerre », « outrage aux autorités publiques » et « outrage à un pays étranger ».