Bahreïn reconduit la loi relative à l’état d’urgence, la répression se poursuit

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

4 mai 2011

Index AI : PRE01/235/2011

Le gouvernement bahreïnite doit mettre un terme à ses attaques incessantes contre les droits humains, a déclaré Amnesty International mercredi 4 mai après que le Parlement du pays eut voté la prorogation d’un état d’urgence répressif, tandis que les arrestations de dissidents continuent.

« Les autorités bahreïnites doivent cesser d’appréhender toutes les personnes qui s’opposent à elles, et libérer les manifestants jetés derrière les barreaux pour avoir appelé pacifiquement à la réforme », a déclaré Philip Luther, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Les manifestations de rue ont été violemment réprimées à la mi-mars et la persécution des dissidents par les autorités n’a pas faibli depuis lors. La reconduite du soi-disant " état de sécurité nationale " ne fera qu’exacerber cette crise des droits humains. »

Selon les médias bahreïnites, les députés se sont largement prononcés, mardi 3 mai, en faveur de la reconduite de l’« état de sécurité nationale » pour trois mois supplémentaires, bien que celui-ci ne doive pas expirer avant six semaines.

La loi relative à l’état d’urgence a été invoquée pour arrêter sans mandat et détenir au secret des manifestants et des militants politiques, ainsi que pour faire juger des civils par des tribunaux militaires.

Lundi 2 mai, deux députés d’al Wefaq, la principale formation politique chiite du pays, ont été arrêtés.

Jalal Fairuz, 48 ans, et Matar Ibrahim Matar, 35 ans, ont été arrêtés par des hommes armés en civil ; on ignore où ils se trouvent. Tous deux ont critiqué le gouvernement et accordé des entretiens à des médias internationaux.

Les 18 députés d’al Wefaq ont démissionné du Parlement en février 2011 en signe de protestation contre la répression des manifestations par le gouvernement, et notamment contre la mort de manifestants et d’autres personnes du fait du recours excessif à la force des autorités. Seules 11 démissions ont été acceptées, dont celles des deux hommes arrêtés.

Des professionnels de la santé continuent à être arrêtés, comme par exemple Ahmed Jamal, président de l’ordre des médecins de Bahreïn, appréhendé à sa clinique lundi 2 mai.

Quelque 47 autres médecins et infirmiers, dont certains sont incarcérés depuis des semaines, vont être jugés par un tribunal militaire après avoir été inculpés mercredi 3 mai pour avoir soigné des manifestants antigouvernementaux.

L’immense majorité des personnes arrêtées depuis mars 2011 sont des musulmans chiites ayant participé à des manifestations ; on ignore ce qu’il est advenu de la plupart d’entre eux.

Certains détenus ont été soumis à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements à la suite de leur arrestation, et au moins quatre personnes sont mortes dans des circonstances suspectes.

Le renvoi de fonctionnaires dont il a été établi qu’ils avaient participé aux manifestations se poursuit sans relâche.

Par ailleurs, selon certaines informations, plusieurs mosquées chiites ont été détruites par les forces de sécurité, au motif qu’aucun permis de construire n’avait été obtenu.

Ceci alimente la crainte selon laquelle l’ensemble de la communauté chiite, majoritaire à Bahreïn, est sanctionnée pour les manifestations de février-mars, qui appelaient à la réforme et, dans certains cas, à un changement de régime.

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