Bahreïn : un éminent défenseur des droits humains raconte son agression par des policiers antiémeutes

Un éminent militant bahreïnite des droits humains a raconté à Amnesty International l’agression dont il a été victime lorsque les forces de sécurité ont attaqué des manifestants pacifiques à Manama, dans la soirée du vendredi 6 janvier.

Nabeel Rajab, président du Centre bahreïnite des droits humains, a été hospitalisé après qu’un groupe de policiers l’a roué de coups de poing et lui a asséné des coups de matraque au visage, dans le dos et sur d’autres parties du corps.

Cette agression a eu lieu près de la voiture de Nabeel Rajab, après que des policiers antiémeutes eurent tiré des gaz lacrymogènes sur les manifestants qui défilaient dans la rue Bab al Bahreïn, à Manama, réclamant la libération des prisonniers politiques.

« Je suis tombé à terre, mais ils ont continué à me frapper, ils m’ont même piétiné et roué de coups de pied, a raconté Nabeel Rajab à Amnesty International, après avoir été soigné pour ses blessures à l’hôpital Salmaniya tard dans la soirée du 6 janvier.

« Cela a duré quelques minutes, puis un gradé m’a reconnu et est intervenu. Il a enjoint à ses collègues d’arrêter et m’est venu en aide. J’ai été conduit à l’hôpital Salmaniya, où j’ai reçu des soins pendant près de trois heures. J’ai de nombreux hématomes dans le dos et sur le visage. »

Nabeel Rajab a fait part à Amnesty International de son intention de déposer une plainte en bonne et due forme pour cette agression.

Samedi 7 janvier, en réaction à cet événement, l’agence de presse officielle Bahrain News Agency a publié une déclaration comportant un lien vers une vidéo de la manifestation qui démontrerait que Nabeel Rajab n’était pas gravement blessé.

Sur la vidéo, on peut le voir assis par terre, avant que des policiers ne l’aident à monter à bord d’une ambulance ; en revanche, on ne voit pas le moment où il a été blessé.

Le défenseur des droits humains avait pris part à une grande marche pacifique organisée sur Bab al Bahreïn, à Manama, pour réclamer la libération des prisonniers politiques détenus dans le cadre des manifestations en faveur des réformes qui ont débuté en février 2011.

Les forces de sécurité ont donné l’ordre aux manifestants de se disperser et, ceux-ci n’ayant pas obtempéré, ont dispersé la foule en tirant des gaz lacrymogènes.

Selon Amnesty International, les forces de sécurité à Bahreïn ont recouru à une force injustifiée en utilisant ces gaz lacrymogènes, alors que le gouvernement s’était engagé à mettre en œuvre les réformes préconisées au mois de novembre par une équipe de juristes internationaux, qui a publié un rapport clé sur la répression visant le mouvement de protestation.

La Commission d’enquête indépendante de Bahreïn, présidée par le juriste égyptien Cherif Bassiouni, a en effet préconisé un changement de grande ampleur, et notamment la dépénalisation des rassemblements publics.

« Les violentes attaques auxquelles se livrent les forces de sécurité bahreïnites contre les manifestants pacifiques vont clairement à l’encontre des engagements souscrits par le gouvernement, à savoir reconnaître ses torts et mettre en œuvre les recommandations formulées par la Commission d’enquête indépendante de Bahreïn, a estimé Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« Les attaques visant les défenseurs des droits humains et les manifestants pacifiques ne sauraient être tolérées et les responsables présumés des violences qui se sont déroulées le 6 janvier doivent rendre des comptes pour leurs agissements. »

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