Des balles tirées vers le centre de réfugiés

L’analyse numérique des images et des vidéos montre que les coups de feu ont été tirés directement en direction du centre pour réfugiés de l’île de Manus le 14 avril, ce qui a mis en danger la vie des personnes réfugiées et en quête d’asile qui s’y trouvaient, écrit Amnesty International dans un nouveau rapport rendu public le 15 mai.

Ce nouveau rapport, intitulé In the Firing Line contredit les premières déclarations du ministère australien de l’Immigration et de la Protection des frontières et de la police de Papouasie-Nouvelle-Guinée, selon lesquelles les soldats ont simplement tiré en l’air.

« Notre enquête montre qu’il ne fait aucun doute que le 14 avril 2017 des balles ont été tirées non pas en l’air mais directement en direction du centre pour réfugiés de Manus, d’une façon qui mettait gravement en danger la vie des personnes s’y trouvant, a déclaré Kate Schuetze, chargée de recherches sur le Pacifique à Amnesty International.

Il ne s’agit pas d’un cas isolé. Les réfugiés bloqués sur l’île de Manus ont subi plusieurs autres attaques par le passé. Ces violences résultent directement du système intrinsèquement abusif mis en place par le gouvernement australien. Tant que ce système n’aura pas été démantelé et tant que les réfugiés n’auront pas été mis en sécurité, la vie de ces personnes continuera d’être menacée. »

Amnesty International demande qu’une enquête indépendante et impartiale soit menée dans les meilleurs délais sur les faits qui se sont produits le 14 avril, le « Vendredi saint ».

Un mois après les faits, le gouvernement australien n’a toujours pas mené d’enquête, publié de déclaration officielle, ou rendu publics les enregistrements vidéo des tirs à des fins de vérification et d’analyse.

Des victimes mises en cause

Peter Dutton, ministre australien de l’Immigration, a tenté de minimiser la gravité des tirs en établissant un lien, sans disposer d’aucune preuve, avec des faits qui s’étaient produits plusieurs semaines auparavant, quand un petit garçon de 10 ans était entré dans le centre, impliquant ainsi que l’enfant était en danger.

« Au lieu d’attendre les résultats d’une enquête, Peter Dutton a mis de l’huile sur le feu en faisant une déclaration irresponsable et sans fondement au sujet de ces tirs », a déclaré Kate Schuetze.

Les réfugiés sur l’île de Manus ont été choqués et consternés par les allusions et allégations ne reposant sur aucune preuve de Peter Dutton. Un réfugié afghan a déclaré que lui et ses amis n’avaient fait que donner de la nourriture à cet enfant qui réclamait de quoi manger et de l’argent.

Ce réfugié afghan de 34 ans a déclaré à ABC : « J’ai eu faim, j’ai eu soif, j’ai vécu dans la misère et je sais ce que c’est que d’avoir faim quand on est un enfant. Alors quand je vois ça, je ne peux pas me contenter de fermer les yeux et ne pas apporter mon aide. »

Des réfugiés du centre de Manus ont dit que des gardiens du centre et les enregistrements de la vidéosurveillance pouvaient confirmer leurs dires.

« Ces déclarations de Peter Dutton ne sont pas dignes d’un haut responsable gouvernemental. Il est totalement irresponsable de tenter de relier ces faits, plusieurs semaines après, à des tirs effectués par des soldats ivres, et cela met encore plus en danger la vie de ces personnes », a déclaré Kate Schuetze.

Les réfugiés ont depuis porté plainte officiellement auprès des autorités australiennes au sujet des commentaires de Peter Dutton et ils leur demandent de rendre publics les enregistrements de la vidéosurveillance, qui selon eux les laveront de tout soupçon.

Le centre de Manus doit être fermé, et les réfugiés doivent être mis en sécurité

À la suite de l’arrêt rendu l’an dernier par la Cour suprême de Papouasie-Nouvelle-Guinée jugeant illégal le centre de détention de l’île de Manus, le gouvernement australien a déclaré que ce centre serait fermé au cours de l’année.

Amnesty International demande au gouvernement australien de prendre immédiatement les mesures nécessaires.

« Les réfugiés et les demandeurs d’asile resteront exposés aux menaces et à la violence tant que le centre de détention sur l’île de Manus ne sera pas fermé et tant qu’ils n’auront pas été mis en sécurité », a déclaré Kate Schuetze.

Complément d’information Réfugiés en danger sur l’île de Manus

Le 18 octobre 2013, une rixe a eu lieu entre des policiers et des soldats papouans-néo-guinéens devant le centre pour réfugiés de l’île de Manus, et les réfugiés ont craint pour leur sécurité. Selon des témoins, deux coups de feu ont été tirés, mais le gouvernement australien a nié cette information.

Les 16 et 17 février 2014, Reza Baerati a été tué et plus de 60 autres demandeurs d’asile ont été blessés lors d’une attaque contre le centre pour réfugiés menée par des Papouans-Néo-Guinéens vivant près de ce centre et y travaillant.

La presse a signalé que le 31 décembre 2016, sur l’île de Manus, deux demandeurs d’asile ont été battus par des policiers papouans-néo-guinéens.

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