« Ce bilan qui ne cesse de s’alourdir pointe de manière choquante l’intolérance absolue dont font preuve les autorités bangladaises à l’égard de la contestation et de la dissidence. La force illégale employée contre les manifestant·e·s illustre un mépris total pour le droit à la vie et un manquement de la part des forces de l’ordre à leurs obligations en vertu du droit national et international relatif aux droits humains, a déclaré Babu Ram Pant, directeur régional adjoint pour l’Asie du Sud.
« Amnesty International a demandé à maintes reprises au gouvernement du Bangladesh d’adopter une approche respectueuse des droits dans le maintien de l’ordre lors des manifestations. Les organes concernés doivent cesser tout recours illégal à la force meurtrière contre des manifestant·e·s et veiller à ce que le droit de réunion pacifique soit garanti en droit et dans la pratique.
« Il importe que soit diligentée sans délai une enquête indépendante et impartiale sur ces décès en vue d’amener tous les responsables présumés à rendre des comptes. L’État doit fournir des réparations pleines et entières aux victimes de violences policières illégales.
« Les fermetures généralisées ont un impact sur la sûreté, la sécurité, la mobilité et les moyens de subsistance, tout en générant instabilité et panique, ce qui sape davantage la confiance dans les autorités »
« L’imposition arbitraire d’une coupure intégrale d’Internet dans tout le pays et l’interdiction totale de manifester annoncées par la police métropolitaine de Dacca restreignent encore les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique. Ces restrictions générales vont à l’encontre des obligations internationales incombant au Bangladesh en tant que partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP).
« Il est irresponsable d’entraver l’accès à l’information pendant cette semaine marquée par une escalade de la violence et la répression brutale contre les manifestations initiées par les étudiants à travers le pays. Les fermetures généralisées ont un impact sur la sûreté, la sécurité, la mobilité et les moyens de subsistance, tout en générant instabilité et panique, ce qui sape davantage la confiance dans les autorités. Il faut lever d’urgence ces interdictions et toutes les personnes détenues ou arrêtées uniquement pour avoir exercé leur droit de réunion pacifique doivent être libérées immédiatement et sans condition. »
Complément d’information
Au Bangladesh, près de 39 décès [1] ont été signalés au cours des violences, depuis que les manifestations massives contre la réforme des quotas ont éclaté le 1er juillet 2024.
Toute intervention des forces de l’ordre dans le contexte des manifestations doit d’abord viser à désamorcer les tensions. De plus, les autorités doivent avoir épuisé toutes les mesures non violentes avant de recourir à la force. Si le recours à la force est absolument nécessaire, elles ne doivent recourir qu’à la force minimale requise pour atteindre un objectif légitime, en veillant à donner des avertissements préalables. Les armes à feu ne sont jamais appropriées pour maintenir l’ordre lors de manifestations, et leur usage doit se limiter à des circonstances strictement nécessaires, de manière à ne viser que les individus représentant une menace imminente de mort ou de blessure grave.
Le 17 juillet, Amnesty International a vérifié des éléments attestant de l’utilisation illégale de la force contre des étudiant·e·s contestant la réforme des quotas, dans le cadre du mouvement baptisé « Bangla-Blockade », et a engagé le gouvernement à faire en sorte que les manifestants soient protégés contre de nouvelles violences.