Bangladesh. Il faut lever l’interdiction concernant une exposition sur les exécutions extrajudiciaires

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI - 23 mars 2010

Amnesty International exhorte les autorités du Bangladesh à lever l’interdiction concernant une exposition de photographies qui mettent en lumière les exécutions extrajudiciaires dont seraient responsables les membres d’une unité spéciale de la police.

« La fermeture, lundi 22 mars 2010, de l’exposition Crossfire organisée par la Drik Picture Library à Dacca, est un coup porté au droit à la liberté d’expression, a estimé Abbas Faiz, chercheur pour le Bangladesh à Amnesty International. Le gouvernement du Bangladesh doit intervenir sans délai en levant l’interdiction imposée par la police et protéger le droit de s’exprimer de manière pacifique, par des mots, des images ou tout autre support, conformément à la Constitution bangladaise et au droit international. »

Quelques heures avant la cérémonie organisée à Dacca pour l’inauguration de l’exposition Crossfire, des policiers se sont présentés et ont exigé que les organisateurs annulent cet événement. Lorsque ceux-ci ont refusé, les policiers ont fermé les lieux, alléguant qu’aucune autorisation officielle n’avait été délivrée pour cette exposition, qui allait « générer l’anarchie ».

Cette exposition dévoile notamment des photographies illustrant des cas d’homicides perpétrés au Bangladesh que l’agence Drik a étudiés et que les responsables du gouvernement décrivent comme résultant de fusillades.

Des centaines de personnes ont été tuées au Bangladesh depuis 2004, date de la mise sur pied du Bataillon d’action rapide (RAB), branche spéciale de la police.

Dans la plupart des cas, lorsque des victimes trouvent la mort alors qu’elles sont aux mains du RAB et d’autres forces de police, les autorités annoncent ensuite qu’elles ont été « prises entre deux feux » ou ont péri au cours de « fusillades » avec la police.

Amnesty International et d’autres organisations de défense des droits humains considèrent que ces homicides sont des exécutions extrajudiciaires.

Les avocats spécialisés dans les droits humains au Bangladesh estiment que la fermeture de l’exposition est injustifiée et ne s’appuie sur aucun fondement légal. Ils tentent d’obtenir qu’une décision de justice ordonne de lever l’interdiction imposée par la police.

Shahidul Alam, directeur de Drik, affirme qu’il a organisé des centaines d’expositions sans avoir besoin d’une autorisation officielle et que « le gouvernement a invoqué une clause restrictive uniquement parce que la répression de l’État était exposée ».

« En interdisant l’exposition Crossfire, le gouvernement bangladais renforce en fait la culture de l’impunité en matière d’atteintes aux droits humains, a fait valoir Abbas Faiz. Amnesty International l’invite à prendre des mesures contre ceux qui se livrent à des exécutions extrajudiciaires, et non contre ceux qui les dénoncent. »

En outre, l’interdiction va à l’encontre des engagements souscrits par la Premier ministre Sheikh Hasina, qui a assuré que son gouvernement prendrait des mesures en vue de mettre fin aux exécutions extrajudiciaires.

Amnesty International exhorte les autorités du Bangladesh à donner leur aval aux actions pacifiques qui dénoncent les homicides et à traduire en justice les responsables de ces crimes.

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