Bangladesh : Une membre du Conseil de la FIFA inculpée de diffamation pour avoir défendu le football

Les autorités bangladaises doivent libérer immédiatement et sans condition Mahfuza Akhter Kiron, membre du Conseil de la FIFA, la fédération internationale de football. Elle encourt deux ans de prison au seul motif qu’elle a exercé son droit à la liberté d’expression, a déclaré Amnesty International le 18 mars 2019.

Mahfuza Akhter Kiron, également responsable de la section féminine de la Fédération bangladaise de football, a été arrêtée chez elle dans le quartier de Dhanmodi, à Dacca, le 16 mars. Elle est inculpée de diffamation pour avoir accusé la Première ministre Sheikh Hasina de favoriser le cricket au détriment du football ; un tribunal de Dacca a rejeté sa demande de libération sous caution.

« Défendre le football n’est pas un crime. »

« Défendre le football n’est pas un crime. Mahfuza Akhter Kiron n’a fait qu’exercer son droit à la liberté d’expression en déclarant que la Première ministre du Bangladesh favorisait le cricket au détriment du football. Si les conséquences des poursuites pour diffamation n’étaient si graves, il y aurait de quoi rire. Mahfuza Akhter Kiron doit être libérée immédiatement et sans condition », a déclaré Saad Hammadi, responsable de campagne pour l’Asie du Sud à Amnesty International.

Si elle est déclarée coupable, Mahfuza Akther Kiron pourrait être condamnée à la peine maximale de deux ans d’emprisonnement au titre du Code pénal bangladais.

L’arrestation de cette représentante de la FIFA est la dernière attaque contre la liberté d’expression au Bangladesh. Après la promulgation de la loi draconienne sur la sécurité numérique en 2018, un effet paralysant s’est fait sentir au sein de la société civile et des médias, donnant lieu à une autocensure croissante.

En vertu de cette loi formulée en termes vagues, quiconque partage ses opinions légitimes en ligne risque une peine de prison maximale de 10 ans et de lourdes amendes. En cas de récidive, la sentence peut être la réclusion à perpétuité.

Au cours des cinq derniers mois, les autorités bangladaises ont arrêté plus de 60 personnes au titre de la loi sur la sécurité numérique pour des commentaires en ligne critiquant la Première ministre et sa famille.

Au mois d’août dernier, le célèbre photographe Shahidul Alam a été arrêté par la police bangladaise et détenu pendant plus de 100 jours pour des commentaires qu’il avait faits lors d’une interview accordée à Al Jazeera English, critiquant la dure répression du gouvernement contre les manifestations étudiantes en faveur de routes plus sûres.

« La répression contre la liberté d’expression est l’un des principaux facteurs expliquant le déficit d’image du Bangladesh sur la scène internationale. Tant que de telles arrestations se poursuivent et que ces lois répressives demeurent en vigueur, le pays ne pourra pas se targuer d’être une économie en plein essor respectueuse des droits humains », a déclaré Saad Hammadi.

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