Bangladesh. Un député torturé par les forces de sécurité

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI

22 décembre 2010

Index AI : PRE01/427/2010

Amnesty International demande au gouvernement bangladais d’ouvrir immédiatement une enquête sur les allégations selon lesquelles un député du Parti nationaliste du Bangladesh, parti appartenant à l’opposition, a été torturé alors qu’il était en garde à vue.

Amnesty International a appris que les forces de sécurité bangladaises ont torturé Salauddin Quader Chowdhury lors d’interrogatoires. Ses tortionnaires l’ont frappé, lui ont appliqué des électrodes sur les parties génitales, lacéré l’estomac à l’aide de rasoirs et lui ont tordu les ongles des mains et des pieds avec des tenailles. Il est à craindre qu’il ne soit de nouveau soumis à la torture et à d’autres types de mauvais traitements.

« Le gouvernement bangladais doit veiller à ce que Salauddin Quader Chowdhury soit protégé et traité décemment, et à ce que ces très graves allégations de torture donnent lieu à une enquête », a déclaré Abbas Faiz, spécialiste du Bangladesh à Amnesty International. « Les autorités doivent en particulier faire en sorte qu’il puisse recevoir les soins médicaux spécialisés que son état requiert, y compris s’ils doivent être prodigués par des médecins indépendants. »

Salauddin Quader Chowdhury a été arrêté jeudi 16 décembre en relation avec une affaire de voiture incendiée le 26 juin à Dacca ; un passager avait été tué. Dimanche 19 décembre, le Tribunal pour les crimes de droit international, un organe de justice bangladais, a délivré un mandat d’arrêt contre lui pour des crimes contre l’humanité qui auraient été perpétrés lors de la guerre de libération de 1971.

D’après certaines informations reçues par Amnesty International, une force regroupant le Bataillon d’action rapide, la brigade de sûreté de la police et la direction générale des renseignements étrangers ont arrêté cet homme jeudi 16 décembre très tôt dans un appartement du quartier de Banani à Dacca.

Des membres de sa famille ayant été autorisés à le voir mercredi 22 décembre en début de journée ont indiqué à Amnesty International que Salauddin Quader Chowdhury leur a dit que les membres des forces de sécurité n’ont rien laissé au hasard puisqu’ils étaient venus équipés d’instruments de torture et accompagnés d’un médecin, et l’ont torturé pendant plusieurs heures.

Il a dit à ses proches qu’il avait perdu connaissance trois fois pendant cette épreuve, et que le médecin l’avait ranimé. Cependant, lorsque son état s’est dégradé au fil de l’interrogatoire, il a été conduit à l’hôpital de Bangabandhu pour y recevoir des soins.

Des séquences vidéo filmées à l’hôpital montrent Salauddin Quader Chowdhury en état de faiblesse et de souffrance, incapable de marcher seul et avec ce qui semble être une tache de sang sur la chemise.

Après avoir passé une heure à l’hôpital, on l’aurait amené au siège de la brigade de sûreté de la police, où il a de nouveau été torturé ; on lui a notamment infligé des décharges électriques.

Les membres de sa famille l’ayant vu le 22 décembre ont dit à Amnesty International que ses parties génitales et son nez continuaient à saigner, et qu’il avait des entailles sur l’estomac et des bleus sur tout le corps. Ils ont dit qu’il craignait beaucoup pour sa vie.

La police a déclaré qu’il avait été amené à l’hôpital pour y recevoir un traitement contre l’asthme. L’inspecteur général de la police affirme que Salauddin Quader Chowdhury n’a pas été torturé.

Le recours à la torture est fréquent au Bangladesh, en particulier durant les interrogatoires.

« Compte tenu des informations détaillées fournies par la famille et les médias, la possibilité que Salauddin Quader Chowdhury ait été torturé doit être prise au sérieux, et la possibilité qu’il puisse de nouveau être soumis à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements ne peut être écartée », a ajouté Abbas Faiz.

Mercredi 22 décembre, le tribunal a ordonné qu’il soit placé en détention à la prison centrale de Dacca dans l’attente de son procès. La famille de Salauddin Quader Chowdhury affirme qu’il n’a pas été autorisé à s’entretenir avec ses avocats depuis son arrestation, et qu’il n’était pas présent lors de cette audience. Au lieu de cela, il était retenu, sur ordre du tribunal, dans la cellule se trouvant à l’étage inférieur, où six membres de sa famille ont pu le voir.

Il a 63 ans. Il a fait trois crises cardiaques et on lui a posé plusieurs endoprothèses vasculaires.

« Amnesty International est très préoccupée par ces allégations et considère la torture semble-t-il infligée à Salauddin Quader Chowdhury, de même qu’à tout autre être humain, absolument inacceptable », a poursuivi Abbas Faiz. « Le gouvernement bangladais est tenu, en vertu du droit international relatif aux droits humains, de protéger en permanence de la torture et des mauvais traitements toutes les personnes se trouvant sous sa responsabilité. »

FIN

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit