Bélarus, Il faut libérer le journaliste arrêté après l’atterrissage forcé de son appareil à Minsk

Bélarus Raman Pratasevitch

Amnesty International propose une Action Urgente qui fait suite à la déclaration télévisée de Raman Pratasevich, dans laquelle ce cofondateur et ancien rédacteur en chef de la chaîne Telegram NEXTA s’accuse lui-même, et apparaît bouleversé et contusionné. Il a été interpellé à l’aéroport de Minsk, avec sa compagne Sofia Sapega, les autorités bélarussiennes ayant contraint l’appareil à bord duquel ils voyageaient d’Athènes à Vilnius à atterrir, dans le seul but de procéder à son arrestation. Tous deux risquent d’être soumis à la torture et à d’autres mauvais traitements.

« Nous invitons tous nos sympathisant·e·s de par le monde à participer à cette Action Urgente afin de réclamer la libération immédiate de Raman Pratasevich et Sofia Sapega. Leur arrestation est arbitraire et illégale, et les circonstances dans lesquelles elle s’est déroulée sont tout simplement terrifiantes. Nous avons craint dès le début qu’ils ne subissent actes de torture et autres mauvais traitements. Les médias officiels bélarussiens ont maintenant diffusé une vidéo dans laquelle on peut voir Raman Pratasevich " avouer " sa simple implication dans l’organisation de manifestations et nous redoutons que ces aveux n’aient été obtenus sous la contrainte », a déclaré Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnesty International.

Dans cette vidéo diffusée à la télévision publique le 24 mai, on peut voir Raman Pratasevich affirmer qu’il « coopère avec les enquêteurs » et « avoue avoir organisé des troubles de grande ampleur dans la ville de Minsk ». Des hématomes sont clairement visibles sur son visage, mais il assure pourtant que les autorités le traitent « d’une manière correcte et dans le respect de la légalité ».

« Les autorités bélarussiennes croient-elles réellement qu’elles peuvent berner le monde en retransmettant à la télévision les " aveux " forcés d’un prisonnier et en lui faisant dire qu’il est bien traité ? », s’étonne Marie Struthers.

« Leur arrestation est arbitraire et illégale, et les circonstances dans lesquelles elle s’est déroulée sont tout simplement terrifiantes »

« Au regard des pratiques des services secrets bélarussiens en matière de violations des droits humains, nos craintes sont vives que la santé et la vie de Raman Pratasevich ne soient en danger. Nous pensons que sa compagne Sofia Sapega, citoyenne russe, est détenue dans le seul but de faire davantage pression sur lui. »

À la suite des manifestations d’ampleur nationale contre les résultats officiels de l’élection présidentielle d’août 2020 largement contestés, Raman Pratasevich a été inculpé en novembre 2020 d’« organisation de troubles de masse », d’« organisation d’actions collectives portant gravement atteinte à l’ordre public » et d’« incitation à la haine envers des groupes sociaux », à savoir des policiers et des représentants du gouvernement. Le 19 novembre 2020, il est devenu le premier citoyen bélarusse à voir son nom figurer sur la « liste des terroristes » compilée par les autorités du pays.

Complément d’information

Le 23 mai, Raman Pratasevich, 26 ans, qui jusqu’en septembre 2020 dirigeait les chaînes Telegram NEXTA et NEXTA Live, principales chaînes bélarussiennes d’opposition, et sa compagne Sofia Sapega, 23 ans, ont été arrêtés à l’aéroport de Minsk après que leur vol pour la Lituanie a dû atterrir en urgence, soi-disant à cause d’une alerte à la bombe qui a par la suite été qualifiée d’infondée. Un avion de chasse MIG29, de l’armée de l’air du Bélarus, a escorté l’appareil civil jusqu’à une piste d’atterrissage à Minsk.

Raman Pratasevich et le cofondateur de NEXTA Stsyapan Putsila ont été ajoutés arbitrairement à la liste des « individus impliqués dans des activités terroristes » en novembre 2020, uniquement en raison de leur travail de journaliste. Tous deux ont également été inculpés d’« incitation à des troubles de masse », d’« atteinte grave à l’ordre public » et d’« incitation à la haine sociale » contre des représentants de l’État et des agents des forces de l’ordre. Ces infractions sont passibles de peines allant jusqu’à 20 ans de prison. Les autorités n’ont pas encore révélé la raison pour laquelle Sofia Sapega a elle aussi été interpellée.

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