Bélarus, Les menaces du gouvernement face aux manifestants nécessitent une réaction internationale

Belarus manifestations

Certains propos tenus par les autorités bélarussiennes avant les manifestations prévues pour le 25 mars (Journée de la liberté) font craindre que la réponse de la police soit une nouvelle fois marquée par de graves violences.

Puisque de nombreux journalistes rendant compte de la répression policière au Bélarus ont été placés en détention, Amnesty International demande aux représentations diplomatiques dans le pays de suivre les manifestations, de filmer les événements et de les diffuser en ligne et en direct, en utilisant leur immunité diplomatique afin de braquer les projecteurs sur les violences policières redoutées. L’organisation a aussi demandé à toutes les entreprises opérant au Bélarus de faire preuve de la diligence requise en matière de droits humains afin de veiller à ne pas causer de violations de ces droits dans le pays ou à ne pas y contribuer.

« Les autorités du Bélarus ont indiqué avec suffisamment de clarté qu’elles ont l’intention de transformer les manifestations de la Journée de la liberté en scènes d’une terrible violence une nouvelle fois si ces actions de protestation sont similaires à celles de l’an dernier. Depuis huit mois, le Bélarus connaît une crise des droits humains causée par les agissements du gouvernement, qui ont pris la forme d’arrestations arbitraires de masse, de l’emprisonnement de journalistes, d’un recours illégal à la force durant les manifestations, et de la torture et du meurtre de manifestant·e·s pacifiques. Le message venant d’en haut au Bélarus est clair : tout exercice du droit à la liberté de réunion pacifique ou d’expression sera réprimé sans pitié. Le monde ne peut rester sans agir face à ces menaces », a déclaré Marie Struthers, directrice pour la région Europe de l’Est et Asie centrale à Amnesty International.

« Les dirigeants mondiaux doivent demander à leurs représentant·e·s diplomatiques au Bélarus de suivre les manifestations le 25 mars, de les filmer et de les diffuser en direct sur Internet. Les représentants internationaux peuvent relayer les informations pour lesquelles des journalistes bélarussiens ont été envoyés derrière les barreaux. Il est essentiel de continuer à dénoncer les abus perpétrés au Bélarus.

« Les autorités du Bélarus ont indiqué avec suffisamment de clarté qu’elles ont l’intention de transformer les manifestations de la Journée de la liberté en scènes d’une terrible violence une nouvelle fois si ces actions de protestation sont similaires à celles de l’an dernier »

« Nous demandons aussi aux multinationales de veiller à ne pas être impliquées dans d’éventuelles futures violations des droits humains commises par les autorités bélarussiennes, en prenant des mesures concrètes visant à limiter les risques. Par exemple, les entreprises dont les services peuvent être utilisés dans le but de restreindre la libre circulation de l’information au Bélarus doivent adopter des mesures afin de prévenir ce type de violations de manière efficace. Si les sociétés de télécommunication ne sont pas en mesure d’empêcher l’interruption des connexions Internet ou de la couverture mobile, elles doivent limiter les effets adverses dans la mesure du possible, par exemple en informant les utilisateurs à l’avance, en limitant la durée et l’étendue des perturbations, et en trouvant des moyens de réduire l’impact sur les services les plus vulnérables et les plus essentiels, tels que les hôpitaux.

« La solidarité avec la population bélarussienne requiert des actions fermes et ciblées de la part de la communauté internationale. »

Amnesty International suit de près la situation au Bélarus. Le 25 mars, des militant·e·s d’Amnesty International à travers le monde organiseront des actions devant des ambassades du Bélarus et partageront des messages de solidarité avec des manifestant·e·s pacifiques.

Complément d’information

Jeudi 25 mars, Journée de la liberté en Biélorussie, est un jour férié non officiel commémorant la déclaration d’indépendance du Bélarus en 1918. Cette année, elle devrait être marquée par des manifestations nationales. Sviatlana Tsikhanouskaïa, importante figure de l’opposition bélarussienne en exil, a appelé à la solidarité mondiale avec le peuple bélarussien à l’occasion de cette journée.

Parallèlement, des responsables de l’application des lois et des membres du gouvernement ont tenu des propos alarmants faisant craindre la possibilité d’une réaction violente. Mikalaï Karpenkaou, le vice-ministre de l’Intérieur, a qualifié les manifestant·e·s de « sbires fascistes » et a promis de s’« occuper d’eux » selon une méthode « toute trouvée », faisant référence à la répression faisant rage depuis des mois, dans le cadre de laquelle des manifestant·e·s ont été frappés, arrêtés, torturés et arrêtés en masse. Dans un enregistrement audio divulgué en janvier Mikalaï Karpenkaou semble dire à des subordonnés de bafouer le droit international relatif aux droits humains face aux manifestant·e·s, cautionnant le fait de viser la tête ou d’autres organes vitaux avec des balles en caoutchouc.

Le 9 mars, Ivan Tsertsel, président de la Commission sur la sûreté de l’État, a déclaré lors d’une réunion avec le président Alexandre Loukachenko que des « personnes spécifiques » préparaient des actions visant à « déstabiliser » le pays le 25 mars. Ivan Tsertsel a ajouté que des « fugitifs » et des « services spéciaux étrangers » étaient à l’origine des manifestations prévues. Dès la fin 2020, Ivan Tsertsel a promis dans les médias une réaction « sévère » aux manifestations du printemps 2021, déclarant aussi que les autorités se préparaient à « une guerre chaude ».

Durant les opérations de répression contre les manifestations pacifiques ayant commencé le 9 août 2020, la police bélarussienne a utilisé des balles en caoutchouc, des grenades incapacitantes, des substances chimiques irritantes, des canons à eau et d’autres armes à létalité réduite contre des manifestant·e·s non violents. Au moins quatre manifestant·e·s sont morts et d’innombrables personnes ont été blessées. Plus de 30 000 manifestant·e·s ont été arrêtés et des dizaines de femmes et d’hommes ont été victimes de torture et d’autres formes de mauvais traitements. À la connaissance d’Amnesty International, au moins une personne est morte en détention. À ce jour, aucun policier n’a encore été poursuivi en relation avec ces violations présumées.

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