« Les autorités du Bélarus ont eu recours à des arrestations s’apparentant à des enlèvements pour s’en prendre à leurs opposants. Des témoins ont déclaré avoir vu des hommes embarquer Maria Kolesnikova dans une camionnette. Cette disparition est la dernière d’une longue série de disparitions de détracteurs du gouvernement ces 20 dernières années », a déclaré Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnesty International.
« Nous demandons que Maria Kolesnikova soit libérée immédiatement et qu’il soit mis fin à la campagne d’intimidation et de persécution politique à laquelle sont soumis les opposant·e·s au gouvernement d’Alexandre Loukachenko. Son enlèvement intervient alors que des centaines de militant·e·s ont été arrêtés dimanche 6 septembre, que des élèves de lycée et des étudiant·e·s ont été intimidés par des policiers masqués et que des meneurs et meneuses de manifestations ont été contraints à l’exil. Nous exigeons un retour à l’état de droit et au respect des droits humains au Bélarus. »
Complément d’information
Le 7 septembre 2020, des hommes en civil ont été vus embarquant Maria Kolesnikova dans une fourgonnette banalisée portant l’inscription « Communication », près du Musée d’art national, dans le centre-ville de Minsk, la capitale du Bélarus. Maria Kolesnikova est une membre du Conseil de coordination de l’opposition qui avait mobilisé l’opposition au président sortant Alexandre Loukachenko pendant la campagne présidentielle en août. La veille, au moins 630 personnes avaient été arrêtées pendant une manifestation pacifique à laquelle des dizaines de milliers de personnes avaient participé à Minsk.
Ces dernières semaines, des centaines de personnes ont été appréhendées de la même manière par des responsables de l’application des lois en civil dans tout le pays. Le ministère des Affaires étrangères avait, dans un premier temps, déclaré n’avoir aucune information quant au sort réservé à Maria Kolesnikova. Le 8 septembre au matin, le Comité des frontières a annoncé que Maria Kolesnikova et deux autres membres du Conseil de coordination de l’opposition, Anton Rodenkov et Ivan Kravtsov, avaient essayé de passer la frontière entre le Bélarus et l’Ukraine la veille au soir. Il a par la suite été révélé qu’Anton Rodenkov et Ivan Kravtsov avaient passé la frontière avec l’Ukraine, semble-t-il contre leur gré, alors que Maria Kolesnikova avait été placée en détention par le Comité des frontières. Elle aurait déchiré son passeport à la frontière afin de ne pas pouvoir quitter le Bélarus.