Quelque cent personnes ont brandi des pancartes, formé une chaîne humaine et scandé des slogans en faveur de la liberté d’expression et du droit de réunion pacifique. Des représentants d’Amnesty International ont remis à cette occasion à l’ambassade une pétition signée par plus de 21 000 personnes en Belgique.
« Alors qu’Amaya est incarcérée depuis plus de trois semaines, des milliers de personnes subissent au Nicaragua une terrible répression, parfois mortelle, simplement parce qu’elles descendent dans la rue pour manifester leur désaccord avec le gouvernement. C’est intolérable », explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.
L’organisation de défense des droits humains demande également au Nicaragua de garantir le droit à une procédure régulière et équitable de tous les leaders étudiants, militants ou autres manifestants détenus. Ainsi, Amaya est restée incarcérée plusieurs jours sans être accusée officiellement de quoi que ce soit par les autorités.
« Des milliers de personnes subissent au Nicaragua une terrible répression, parfois mortelle, simplement parce qu’elles descendent dans la rue pour manifester leur désaccord avec le gouvernement. C’est intolérable »
Depuis le 18 avril, date du début de la crise qui secoue le Nicaragua, les autorités ont déployé une stratégie de répression marquée par un recours excessif à la force, des exécutions extrajudiciaires, un contrôle des médias et l’utilisation de groupes armés progouvernementaux. Parallèlement, toute personne impliquée dans des manifestations se retrouve criminalisée. Cette réponse extrêmement sévère du régime a mené à plus de 400 arrestations et avait déjà fait à la fin du mois d’août 322 morts et des milliers de blessés.
La répression s’est intensifiée ces dernières semaines avec des dizaines de nouvelles arrestations, dont celle d’Amaya Eva Coppens. Étudiante en médecine et leader d’un mouvement étudiant, elle a été arrêtée avec un autre manifestant, Sergio Midence, sans mandat d’arrêt, dans la ville de León le 10 septembre dernier. Amaya est notamment accusée d’« actes terroristes », d’« enlèvement » et de « possession illégale d’armes à feu ».
Complément d’information
Le Centre nicaraguayen des droits de l’homme (CENIDH) a rapporté que les récentes arrestations ne répondaient pas à une procédure régulière. Entre autres, l’affectation de groupes armés progouvernementaux pour assurer les détentions, les intrusions de la police sans mandat dans les propriétés privées et l’absence de présentation des détenus à un juge après 48h d’incarcération, sont autant de faits qui soulignent le caractère arbitraire de ces détentions. Cette qualification a par ailleurs été soulignée et confirmée dans un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme faisant état des nombreuses violations aux droits humains principalement identifiées dans le cadre de ces manifestations.