Belgique : la Wallonie doit suspendre ses ventes d’armes aux pays violant les droits humains

Ce samedi 16 septembre, à l’occasion des Fêtes de Wallonie à Namur, des militants d’Amnesty International ont accroché au pont de Jambes, face à l’Élysette, un drapeau et une banderole géante représentant un coq wallon ensanglanté et appelant la Région wallonne à suspendre ses ventes d’armes aux pays se rendant coupables de graves violations du droit humanitaire international et des droits humains, et plus particulièrement à l’Arabie saoudite. Quelque 3 000 autocollants ont par ailleurs été collés dans le centre-ville namurois dès le vendredi soir.

« Les Fêtes de Wallonie, moment solennel de célébration de l’identité wallonne, est le meilleur endroit pour rappeler aux autorités qu’elles disposent d’une occasion unique de marquer une rupture avec la politique menée par la Région, et de rendre sa fierté à son emblème, le coq hardi. En vendant des armes à des pays qui violent gravement les droits humains, la Wallonie l’a couvert de honte et de sang. C’est le moment ou jamais pour la Région de suspendre ses ventes d’armes à des États-bourreaux comme l’Arabie saoudite. », explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.

Le 11 septembre dernier, lors d’une rencontre avec des représentants d’Amnesty International, le Ministre-Président Willy Borsus s’est engagé à entreprendre une consultation avec l’ensemble des parties prenantes au dossier. A cette occasion, il s’est vu remettre une pétition signée par plus de 13 000 personnes en Belgique francophone, en quelques semaines, demandant au précédent Ministre-Président, Paul Magnette, et à la Région wallonne, de suspendre les ventes d’armes à ces pays “bourreaux”.

« Nous encourageons le gouvernement wallon à prendre les mesures qui s’imposent, afin que la Wallonie ne se rende plus complice de crimes de guerre et rejoigne ainsi la position adoptée récemment par le Parlement fédéral, demandant la suspension des ventes d’armes à l’Arabie saoudite. Nous espérons également que la Wallonie prendra le leadership dans la redéfinition d’une attitude européenne qui soit plus en conformité avec ses propres règles en ce qui concerne notamment les ventes d’armes à l’Arabie saoudite », insiste Philippe Hensmans.

Outre la suspension des ventes d’armes à l’Arabie saoudite et aux autres pays violant les droits humains et le droit international humanitaire, Amnesty International demande à la Région wallonne de garantir que les exportations d’armes se fassent dans le strict respect des engagements internationaux.

La Belgique et la Région wallonne en particulier, doivent en effet mettre en œuvre des mécanismes qui garantissent que les licences d’exportation soient uniquement octroyées à des pays qui ne commettent pas de sérieuses violations des droits humains et du droit international humanitaire.

Le royaume saoudien compte parmi les principaux clients de la Région wallonne en matière de vente d’armes. Il mène une coalition responsable, dans le cadre de la guerre faisant actuellement rage au Yémen, de nombreuses attaques ayant délibérément touché des structures civiles, ce qui constitue des crimes de guerre. La Wallonie a par ailleurs accordé des licences d’exportation de matériel de remplacement et de maintenance pour véhicules terrestres au Bahreïn, lequel pourrait servir à réprimer la dissidence et la société civile, tel que mis en évidenceun récent rapport d’Amnesty International.

En fournissant des armes à des pays violant gravement les droits humains et le droit international humanitaire, la Wallonie ne respecte pas le Traité sur le Commerce des Armes ratifié par la Belgique, dans laquelle elle s’engage notamment à interdire le transfert d’armes lorsqu’elle a connaissance du risque de violations graves des droits humains et du droit humanitaire. Ce faisant, la Région wallonne viole par ailleurs son propre décret de 2012 sur le commerce des armes — calqué sur la Position commune de l’Union européenne en la matière. Cette dernière prévoit comme critère le respect des droits humains dans le pays de destination finale et le respect du droit international humanitaire. Amnesty International appelle dès lors la Région wallonne à agir en conformité avec ces textes.

A l’occasion des Fêtes de Wallonie, l’organisation relance une pétition adressée au Ministre-Président wallon qu’elle propose de signer à l’ensemble des Wallons pour que leur emblème n’ait plus de plomb dans l’aile et du sang sur les plumes : amnesty.be/wallonieimmorale

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