BELGIQUE / UE - Rappeler la Tunisie à ses obligations

Ce mardi 21 juin, le ministre tunisien des Technologies de la Communication, Montasser Ouaili, est en visite officielle à Bruxelles. Pour Amnesty International, cette visite devrait être saisie comme une opportunité par les autorités belges et européennes pour rappeler la Tunisie à ses obligations en matière de respect des droits humains. Ce rappel s’impose d’autant plus que, par un de ces malencontreux hasards, la Tunisie, pays où la liberté de l’information est réduite pratiquement à néant, accueille le Sommet mondial sur la Société de... l’Information (SMSI) organisé par l’ONU. Pour un aperçu de la situation des droits humains en Tunisie, vous pouvez consulter l’entrée « Tunisie » du Rapport Amnesty 2005, http://www.amnestyinternational.be/doc/article5491.html)

Lors de la réunion préparatoire à la deuxième phase du SMSI qui s’est tenue à Hammamet, les organisations de la société civile, tant tunisiennes qu’internationales, n’ont pu que constater l’existence de sérieux blocages dans le chef des autorités tunisiennes. A titre d’exemple, la couverture de cette réunion par les organes tunisiens d’information s’est caractérisée par une partialité telle que l’intervention publique de Souhayer Belhassen, vice-présidente de la Ligue tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH) a tout simplement été passée sous silence.

Depuis l’accession de Zine el Abidine Ben Ali à la présidence de la République tunisienne, les droits humains sont systématiquement violés tandis que leurs défenseurs font l’objet d’intimidations, de menaces et de persécutions systématiques de la part des autorités. Parmi les exemples les plus récents, celui de la journaliste Sihem Bensedrine, porte-parole du Conseil national pour les Libertés en Tunisie (CNLT). Régulièrement inquiétée par les autorités tunisiennes, Mme Bensedrine était encore récemment la victime de calomnies à caractère pornographique et d’incitations à la violence à peine voilées de la part d’Abdelhamid Riahi, rédacteur en chef du quotidien Al Chourouk. Cette campagne violente avait pour objet certains passages relatifs à la Tunisie écrits en 2003 par Sihem Bensedrine dans son essai Lettre à une amie irakienne (disparue) (La Découverte), essai préfacé par la journaliste française Florence Aubenas.

Citons également le cas de Maître Mohammed Abbou, condamné à 3 ans et demi de prison pour avoir, dans un article mis en ligne le 26 août 2004, comparé la torture en Tunisie à celle pratiquée sur des prisonniers irakiens à Abou Ghraïb (voir le communiqué de presse d’Amnesty Graves inquiétudes concernant la liberté d’expression, Index AI MDE 30/006/2005, le 26 mai 2005 - http://www.amnestyinternational.be/doc/article5311.html). La condamnation de Maître Abbou, confirmée en appel le 10 juin dernier, pourrait également être liée à un article dans lequel il critiquait l’invitation lancée par le gouvernement au Premier ministre israélien Ariel Sharon pour qu’il assiste au SMSI de novembre prochain.

Certes, 3 ONG pourront participer au SMSI : la LTDH, l’AFTD (Association tunisienne des Femmes démocrates) ainsi que la section tunisienne d’Amnesty International. Mais il n’en reste pas moins que de nombreuses ONG phares dans la défense des droits humains seront interdites de participation car privées de toute reconnaissance légale. Citons en vrac le Conseil national des Libertés en Tunisie (CNLT), l’Association internationale de Soutien aux Prisonniers politiques tunisiens (AISPPT), l’Association de Lutte contre la Torture en Tunisie (ALTT), etc. Enfin, les manifestations en faveur de la démocratie et des droits humains sont systématiquement réprimées, comme ce fut encore le cas en mars dernier (voir le communiqué de presse d’Amnesty Les préparatifs en vue du Sommet mondial sur la Société de l’Information débutent dans la violence, Index AI MDE 30/002/2005, le 8 mars 2005 - http://www.amnestyinternational.be/doc/article5046.html).

Enfin, en Tunisie, si la diffusion d’Internet, l’installation d’antennes paraboliques et l’ouverture des médias au secteur privé sont officiellement encouragées, la Technologie de l’Information reste une pure abstraction dans une Tunisie où l’information reste contrôlée, les médias étrangers sont régulièrement censurés et l’accès aux sites Web fait l’objet d’un sévère contrôle policier, quand il n’est pas bloqué.

Par conséquent, Amnesty International tient à profiter de la visite officielle du ministre tunisien des Technologies de la Communication pour rappeler la Tunisie à ses obligations en matière de droits humains et pour encourager les interlocuteurs belges et européens de la Tunisie à agir également en ce sens.

Pour obtenir de plus amples informations, veuillez contacter le Service Presse d’Amnesty International au 02 543 79 04 ou consulter le site http://www.amnesty.be et http://www.amnesty.org.

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