BOLIVIE. Les victimes attendent toujours que la justice soit rendue dans l’affaire du massacre de Pando

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI-
9 septembre 2009

Le fait qu’il n’y ait pas eu d’enquête ni de décision judiciaire sur les violences commises à Pando il y a un an porte atteinte au droit à la justice des victimes, a déclaré Amnesty International à l’issue d’une mission d’enquête en Bolivie.

Ce vendredi 11 septembre, dans différents endroits du pays et en particulier dans le département de Pando, un hommage sera rendu aux victimes des événements connus sous le nom de « Massacre de Pando » ; plusieurs actions seront menées en solidarité avec les personnes affectées.

Une délégation d’Amnesty International s’est rendue dans le Pando, dans le nord de la Bolivie, pour voir où en était l’enquête sur les violences des 11 et 12 septembre 2008, au cours desquelles 19 personnes avaient trouvé la mort et 50 avaient été blessées. Ces faits tragiques avaient eu lieu dans le cadre d’une manifestation paysanne sur la redistribution des terres et la gestion des ressources naturelles au niveau départemental.

« Les rapports de plusieurs commissions nationales et internationales ont permis d’éclaircir la situation et d’identifier certains des responsables présumés, mais il manque maintenant une enquête judiciaire exhaustive et impartiale qui permette d’élucider l’ensemble des faits et d’établir clairement les responsabilités pour les violences commises, a déclaré Louise Finer, chargée des recherches sur l’Amérique du Sud à Amnesty International. Il faudra être attentif également aux violations des garanties judiciaires qui ont pu être commises depuis que les violences ont eu lieu. »

« Une chose est claire, a déclaré Louise Finer, des violations graves des droits humains ont été commises dans le département de Pando. Cependant, la confusion qui entoure cette affaire rend hypothétique la possibilité que la justice soit réellement rendue et accroît de ce fait la souffrance des victimes. »

Même lorsque des investigations sont en cours, leur fragmentation incite à douter de la possibilité d’arriver à un jugement qui prenne en compte tous les éléments liés à l’affaire. L’apparente volonté politique d’imputer à d’autres la responsabilité de certains événements et de ne se soucier que de certains des responsables incite d’autant plus à douter de l’issue des procédures en cours.

« La justice bolivienne est en piteux état, a déclaré Louise Finer. Ce cas ne fait qu’illustrer un problème général. Les graves difficultés auxquelles est confrontée la justice bolivienne font craindre que les démarches entreprises ne donnent lieu à de nouvelles violations contre les personnes concernées. »

L’organisation a également recueilli des informations faisant état de menaces et de manœuvres d’intimidation dont auraient fait l’objet des témoins, des défenseurs des droits humains et des dirigeants syndicaux dans le cadre des investigations. Plusieurs personnes du département de Pando ont indiqué à la délégation d’Amnesty International que des individus impliqués dans le massacre se déplaçaient librement dans la ville de Cobija et près des endroits où vivaient certaines des victimes et où vivent encore leurs proches ; d’autres responsables présumés auraient fui au Brésil pour échapper aux poursuites éventuelles.

Amnesty International rappelle aux autorités boliviennes à quel point il est important de mener jusqu’au bout des investigations impartiales qui permettent de récolter des éléments de preuve pour poursuivre en justice et punir les personnes soupçonnées d’être responsables de ces crimes. Ces enquêtes doivent être réalisées rapidement tout en respectant les garanties constitutionnelles et prévues par la loi.

La Bolivie est engagée actuellement dans un processus de changement structurel et institutionnel important, qui pourrait être pour le pays l’occasion de renforcer son appareil judiciaire et d’assurer l’indépendance de la justice en Bolivie. Amnesty International espère que le gouvernement et les autres institutions de la Bolivie sauront se saisir de cette occasion. Ils rempliraient ainsi leur mandat constitutionnel et feraient de plus la preuve de leur engagement auprès des victimes de violations des droits humains.

Complément d’information :

Pendant sa visite, la délégation d’Amnesty International a rencontré des victimes et des témoins des violences commises dans le Pando, des personnes en instance de jugement pour les crimes commis à ce moment-là, des représentants d’associations du département, ainsi que les autorités judiciaires et des représentants du pouvoir exécutif et législatif à La Paz, dans le Pando et à Sucre.

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