Marielle Franco a été tuée lors d’une embuscade qui avait été minutieusement préparée pendant plusieurs mois. Les enquêtes de la police civile et des services du procureur de l’État Rio de Janeiro ont permis d’identifier deux personnes soupçonnées d’avoir perpétré le crime : Elcio de Queiroz et Ronnie Lessa, qui font actuellement l’objet de poursuites pénales. Elles ont également permis de découvrir que d’autres personnes étaient indirectement impliquées dans le crime, notamment par leur dissimulation des armes et leur obstruction des enquêtes.
Amnesty International a suivi de près cette affaire depuis le début. Pendant les premiers mois, nous avons mené des actions de campagne le 14 de chaque mois, afin de faire pression sur les autorités et de mobiliser des personnes en faveur de la défense des droits humains. Nous avons organisé des réunions à propos de l’affaire avec les autorités, notamment avec le gouverneur de l’État Wilson Witzel et le procureur général de l’État de Rio de Janeiro José Eduardo Gussem. Des proches de la conseillère municipale assassinée ont également assisté à ces réunions. À l’occasion de l’anniversaire de l’assassinat, grâce à la mobilisation nationale et internationale, nous avons remis une pétition, signée par 780 000 personnes, demandant la résolution de l’affaire. Nous pensons que la visibilité et la pression publique qu’Amnesty International a générées dans le cadre de cette affaire, à l’échelle nationale et internationale, ont contribué à faire avancer les enquêtes.
Bien que l’arrestation des deux meurtriers et des personnes ayant des liens avec eux soit une avancée vers la réalisation du droit à la vérité et à la justice des familles de Marielle Franco et d’Anderson Gomes, elle ne résout toutefois pas l’affaire et ne permet pas de garantir la sécurité des autres défenseur·e·s des droits humains travaillant au Brésil. Le Brésil est en effet l’un des pays les plus dangereux du monde pour les défenseur·e·s des droits humains et enregistre l’un des taux d’homicide de défenseur·e·s des droits humains les plus élevés au monde. Les défenseur·e·s des droits humains sont des personnes qui, comme Marielle Franco, se battent pour un monde plus juste dans lequel la vie et la liberté, des droits humains qui doivent être respectés, sont protégées. En outre, la sécurité de toutes les personnes impliquées dans les enquêtes doit être assurée, particulièrement celle des familles des victimes, des témoins et des enquêteurs. Il est donc extrêmement important de découvrir qui a orchestré l’assassinat et quelles en étaient les motivations.
Chaque jour qui passe sans que les personnes impliquées dans la fusillade soient sanctionnées constitue une menace pour l’héritage de Marielle Franco et met le travail et la vie des autres défenseur·e·s des droits humains au Brésil en danger.
Nous demandons une nouvelle fois publiquement que le crime soit élucidé, que tous les responsables des meurtres de Marielle Franco et d’Anderson Gomes soient traduits en justice et que les autorités compétentes accordent la plus haute priorité à cette affaire. La résolution de ce crime revêt une importance particulière pour la société brésilienne et la communauté internationale. Amnesty International continuera de demander instamment qu’une enquête transparente, indépendante et impartiale soit menée en vue de répondre à la question : qui a tué Marielle Franco et pourquoi ? Toutes les personnes impliquées dans ce crime, que ce soit dans son organisation ou sa mise en œuvre, doivent être traduites en justice dans le cadre de procès équitables conformes aux normes internationales d’équité. Enfin, bien qu’une procédure régulière dans les meilleurs délais ait été compromise, étant donné que deux ans se sont déjà écoulés depuis le crime, il est extrêmement important que le gouvernement et les autorités s’engagent publiquement à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour élucider cette affaire.
À propos d’Amnesty International
Amnesty International est un mouvement mondial regroupant plus de sept millions de personnes qui prennent chaque injustice comme une attaque personnelle. L’organisation fait campagne en faveur du respect et de la protection des droits humains universellement reconnus, au Brésil et dans le monde entier. Elle a été fondée en 1961 par l’avocat britannique Peter Benenson et son bureau brésilien a été ouvert en 2012.