Dans ses échanges de correspondance avec Amnesty International, l’auditeur indépendant basé en Norvège DNV GL Business Assurance, à qui JBS a confié l’audit de sa chaîne d’approvisionnement entre 2017 et 2019, a confirmé qu’il n’avait jamais contrôlé les fournisseurs indirects de JBS au Brésil et a noté que « le rapport d’évaluation rendu par DNV GL ne saurait être utilisé à titre de preuve de bonnes pratiques exercées le long de toute la chaîne d’approvisionnement ».
« L’auditeur DNV GL a surtout critiqué JBS pour avoir utilisé ses audits dans le but de ne pas s’attarder sur le fait que la totalité de sa chaîne d’approvisionnement n’a pas été contrôlée, a déclaré Richard Pearshouse, directeur du programme Situations de crise et environnement à Amnesty International.
« Force est de constater que JBS contrôle uniquement les exploitations finales auxquelles elle achète la viande et non celles où ce bétail a pu paître auparavant. Comme l’ont montré nos recherches, dans plusieurs affaires en 2019, cela concernait du bétail mis à paître sur des exploitations illégales dans des zones déforestées de la forêt tropicale amazonienne protégée.
« Amnesty International appelle une nouvelle fois JBS à mettre en place dans les plus brefs délais un système effectif de contrôle de toute sa chaîne d’approvisionnement, notamment de ses fournisseurs indirects, afin de s’assurer que sa viande de bœuf répond véritablement et de manière certifiée au critère zéro déforestation. »
Dans sa correspondance, DNV GL note : « Les fournisseurs indirects n’ont pas été évalués et déclarés zéro déforestation par DNV GL. JBS ne disposait pas d’un système pour la traçabilité de toute la chaîne d’approvisionnement indirecte ; aussi les fournisseurs indirects n’ont-ils pas été contrôlés durant l’audit. L’engagement Public Livestock Commitment couvre la chaîne d’approvisionnement indirecte, mais JBS n’avait pas mis en place les systèmes requis pour répondre à cette exigence. »
Complément d’information
Le 15 juillet, Amnesty International a publié un rapport intitulé Brésil. Du bétail mis à paître illégalement en Amazonie a été retrouvé dans la chaîne d’approvisionnement de l’entreprise de transformation de viande JBS. S’appuyant sur des recherches approfondies menées sur le terrain, l’analyse des chiffres du gouvernement et l’analyse d’experts d’images satellite, ce rapport révèle que JBS a acheté du bétail mis à paître illégalement dans trois zones protégées de l’Amazonie, dans l’État de Rondônia, dans le nord du Brésil, en 2019.
Quelques heures après la publication de ce rapport, la procureure fédérale de l’État brésilien de Rondônia a annoncé que son bureau allait diligenter une enquête sur les conclusions d’Amnesty International concernant JBS [1].
Avant de publier son rapport, Amnesty International a posé à JBS des questions précises, lui demandant si l’entreprise avait transformé la viande d’animaux venant d’exploitations situées dans les trois zones protégées. L’entreprise a répondu : « Nous n’achetons jamais de bétail à des exploitations pratiquant le pâturage illégal dans des zones protégées », ajoutant qu’elle mène « une politique sans équivoque du zéro déforestation pour toute sa chaîne d’approvisionnement ».
L’entreprise a également déclaré : « Les audits indépendants menés par des leaders mondiaux du secteur, DNV-GL et BDO, au cours des six dernières années, révèlent que plus de 99,9 % des achats de bétail par JBS à des exploitations situées dans la région amazonienne remplissent les critères sociaux et environnementaux de l’entreprise, qui incluent le critère zéro déforestation. »
JBS n’a pas répondu à une question portant sur le contrôle des fournisseurs indirects, indiquant au lieu de cela que « la traçabilité de toute la chaîne d’approvisionnement en viande bovine est un défi pour l’ensemble du secteur et une tâche complexe ».
Amnesty International n’a trouvé aucun élément prouvant que JBS serait directement impliquée dans les atteintes aux droits humains commises sur les trois sites examinés. Toutefois, sur ces trois sites, de récentes saisies de terres illégales ont causé la perte de territoires traditionnels, pourtant protégés par la législation brésilienne. Les droits fonciers des populations indigènes sont protégés par le droit international relatif aux droits humains. L’élevage commercial de bétail est interdit par la loi sur ces trois sites.