Brésil. Condamnation dans l’affaire du massacre de Baixada Fluminense

Index AI : AMR 19/030/2006 (Public)
Bulletin n° : 221
ÉFAI
24 août 2006

« La condamnation de Carlos Jorge Carvalho, agent de la police militaire de Rio de Janeiro, pour son implication dans le meurtre sans discrimination de 29 civils dans le quartier Baixada Fluminense de Rio de Janeiro le 31 mars 2005 est une étape importante dans le combat contre l’impunité accordée aux auteurs d’atteintes aux droits humains », a déclaré Amnesty International ce jeudi 24 août.

Ainsi que l’ont montré les procès pour de précédents massacres, de telles condamnations constituent une importante victoire pour ceux qui se battent pour la justice et le respect des droits humains des catégories les moins protégées par l’État.

Néanmoins, l’inculpation de policiers subalternes n’a pas suffi à elle seule à endiguer l’augmentation constante du nombre d’homicides imputables à la police ou aux « escadrons de la mort » dans l’État de Rio de Janeiro.

Pendant ce temps, les homicides continuent. L’année dernière, dans un contexte de violence armée importante, les forces de police de Rio de Janeiro ont abattu, selon des statistiques officielles, plus de mille civils dans des circonstances officiellement qualifiées de « résistance suivie de mort ». Les enquêtes menées sur ces homicides ont été minimales. Les chiffres donnés n’incluent pas le nombre des personnes tuées par des policiers impliqués dans des activités criminelles ou membres d’escadrons de la mort.

Les nombreuses irrégularités graves de procédure et d’enquête dans l’affaire des homicides de Baixada Fluminense n’ont fait que refléter un certain nombre de questions soulevées par Amnesty International après les massacres perpétrés par les forces de police de Rio de Janeiro, il y a treize ans. Le manque de détermination du gouvernement face à ce problème endémique est à l’origine de la situation qui a abouti à la mort de 29 personnes en mars dernier.

Selon les informations reçues par Amnesty International, les enquêtes policières et médico-légales seraient au mieux incomplètes ou insuffisantes et auraient contribué dans certains cas à la remise en liberté, par manque de preuve, de quatre des onze suspects arrêtés dans le cadre de l’affaire Baixada Fluminense.

De même, aucune enquête ne semble avoir été ouverte sur la responsabilité de la hiérarchie en dépit d’indications initiales laissant supposer un lien entre les homicides et un mouvement de répression visant les escadrons de la mort et autres activités criminelles de la police militaire à Baixada Fluminense.

Une nouvelle fois donc, aucun officier supérieur ou membre du gouvernement de l’État n’est considéré comme étant responsable du recours excessif à la force ou à la violence criminelle par certains éléments au sein des forces de police de Rio de Janeiro.

Dans le même temps, un an et cinq mois après les meurtres, les proches des victimes attendent toujours l’indemnisation promise par l’État.

À de nombreuses reprises, il a été prouvé qu’une politique violente et répressive de maintien de l’ordre ne garantissait pas une sécurité efficace, particulièrement au sein des populations les plus pauvres, les plus touchées par la violence criminelle et policière. Il est temps que les autorités fassent cesser les homicides en réformant en profondeur le système de sécurité publique ; il faut en finir avec les politiques violentes et inefficaces de maintien de l’ordre et traiter les problèmes sociaux sous-jacents à l’origine des violences.

Complément d’information

Vingt-neuf civils ont été tués à Baixada Fluminense douze ans après les massacres de Candelaria et Vigario Geral qui avaient envoyé une onde de choc dans le monde entier. Aujourd’hui pourtant, tous ceux qui ont perdu des êtres chers tués par la police militaire, comme les neuf enfants des rues tués sur la place Candelaria, devant la cathédrale principale de Rio de Janeiro, ou les 21 résidents de Vigario Gera, tués par des policiers membres d’escadrons de la mort, se battent toujours pour obtenir justice.

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