Brésil. De nouveaux civils tués

Déclaration publique

AMR 19/035/2006

Des femmes et des enfants continuent d’être tués à Rio de Janeiro, et les autorités ne réagissent pas ou très peu.

Âgée de soixante-quatre ans, Alice da Silva a été abattue par balle cette semaine alors qu’elle s’était accroupie contre le mur de sa maison dans une tentative désespérée pour protéger ses deux petits-enfants. Elle s’était mise à l’abri pour échapper à un échange de tirs qui aurait eu lieu entre des trafiquants de stupéfiants et la police lorsqu’une balle a traversé le mur et l’a touchée en pleine poitrine.

Alice da Silva était la dernière victime en date d’une opération policière de deux semaines visant à capturer des trafiquants de drogue dans le Complexo do Alemão, ensemble de 21 quartiers de Rio de Janeiro qui abrite environ 200 000 personnes. Des habitants se sont plaints d’avoir été victimes pendant l’opération de menaces, de manœuvres d’intimidation, de coups et de dommages matériels. Il y a eu des incursions dangereuses de véhicules blindés connus sous le nom de « caveirões » (gros crânes). La police aurait coupé l’approvisionnement en eau et en électricité dans certaines zones, en tirant semble-t-il sur les générateurs électriques. Les couvre-feux imposés par la police ont empêché des résidents d’aller travailler et des enfants d’aller à l’école. Des habitants se sont plaints d’avoir été « traités comme des bêtes » par la police et ont peur de sortir de chez eux.

L’opération policière menée dans le Complexo do Alemão constitue un recours excessif à la force et témoigne d’un mépris envers les habitants au service desquels la police est censée être. Les autorités doivent enquêter de manière exhaustive sur tous les actes de violence, manœuvres d’intimidation et dommages matériels qui ont eu lieu pendant l’occupation du Complexo do Alemão, et déférer à la justice les personnes soupçonnées d’être responsables de ces agissements.

Cette opération s’inscrit dans le cadre d’une politique policière violente et discriminatoire contre les secteurs de la population les plus pauvres de Rio, dénoncée depuis longtemps par Amnesty International. Depuis le mois de septembre, quatre enfants ont été tués par des balles perdues lors d’opérations policières, et une voiture de police a récemment roulé sur un enfant de sept ans à Vigario Geral.

Il est temps de mettre fin à cette politique de sécurité publique qui met en danger la vie des habitants des quartiers les plus pauvres de Rio et ne permet pas de lutter efficacement contre l’accroissement de la criminalité liée aux stupéfiants. Ce n’est que par le biais de mesures à long terme qui fassent participer activement les habitants de ces quartiers en mettant à leur disposition une protection policière quotidienne ainsi que les services publics de base, que les autorités parviendront à renverser le cours des choses à Rio de Janeiro. Alors qu’approche le second tour de l’élection des gouverneurs et du président, les candidats doivent combler le vide politique qui règne depuis longtemps dans ce domaine.

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