Brésil, Il faut que les groupes marginalisés aient accès aux soins de santé

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Amnesty International Brésil lancera sa campagne Our Lives Matter (Nos vies comptent) par une vidéo diffusée en direct sur sa chaîne YouTube [2] le 14 mai 2020, à 19 h, heure locale (23 h TU), dans le cadre de la pandémie du COVID-19, insistant auprès des autorités brésiliennes pour que personne ne soit oublié par la réponse à la crise. Les pouvoirs publics fédéraux, régionaux (États) et municipaux doivent prendre de toute urgence des mesures concrètes visant à limiter au maximum les graves conséquences du COVID-19 pour les habitante·s des favelas, les peuples autochtones, les personnes privées de liberté, les personnes appartenant à des communautés d’origine africaine, les professionnel·le·s de la santé, les personnes travaillant dans le secteur informel, les femmes et les personnes âgées vivant dans des institutions telles que les maisons de retraite.

« Les mesures qui ont été prises jusqu’à présent ne sont pas satisfaisantes », a déclaré Jurema Werneck, directrice exécutive d’Amnesty International Brésil. « Les besoins des populations marginalisées doivent être reconnus, car celles-ci risquent bien souvent de subir de manière disproportionnée les conséquences de la pandémie et des décisions prises pour lutter contre cette dernière. Les autorités doivent élaborer des mesures, en concertation étroite avec ces populations, pour que chacun puisse jouir de ses droits sans discrimination et afin, notamment, que soient garantis les droits à la vie et à la santé de toutes et de tous, y compris des habitant·e·s des favelas, des femmes et des filles, des populations autochtones, des personnes LGBTI, en particulier des personnes transgenres, des personnes appartenant à des communautés d’origine africaine, des sans-abri, de ceux et celles qui dorment dans la rue et des mal-logé·e·s, des hommes et des femmes privés de leur liberté, des personnes âgées vivant dans des institutions telles que les maisons de retraite, de la population noire et des travailleurs indépendants et du secteur informel. »

La pandémie du COVID-19 met en évidence les inégalités qui existent dans la société brésilienne. Selon les données de la municipalité de São Paulo, le risque de mourir du COVID-19 est plus élevé de 62 % pour un Noir que pour un Blanc. Les données du ministère de la Santé font déjà apparaître un nombre de décès plus élevé chez les Noirs et les métis : une personne mourant du COVID-19 sur trois est noire, autochtone ou métisse. Il semble par ailleurs que le nombre de décès dans les favelas soit en augmentation, que la contagion dans les prisons puisse prendre de l’ampleur et que les populations autochtones soient de plus en plus touchées. De même, le nombre de cas et de décès est apparemment de plus en plus élevé au sein des communautés d’origine africaine. Or, les politiques mises en place par les autorités pour répondre aux besoins spécifiques de ces populations ne sont pas satisfaisantes. Il n’existe par exemple aucune politique cohérente en faveur des personnes sans abri. Les travailleurs et travailleuses ne bénéficiant d’aucune protection sociale font la queue pour recevoir l’aide d’urgence à laquelle ils et elles ont droit, rendant difficile toute distanciation sociale et augmentant par conséquent les risques de contracter la maladie.

« La société civile se mobilise depuis le début de la crise du COVID-19 pour venir en aide aux populations les plus marginalisées », a souligné Jurema Werneck. « Amnesty International lance cette campagne pour mettre en lumière l’importance de telles mesures et pour prier instamment le président Jair Bolsonaro, le vice-président, les ministres fédéraux, les autorités des États et les maires de prendre de toute urgence des mesures destinées à garantir pendant la crise la santé et la vie des toutes et de tous, sans discrimination. Selon les experts, le Brésil entre actuellement dans la phase la plus critique de la pandémie. Les autorités ont le devoir d’assurer les droits de tous et de toutes. »

Dans un document publié au moment du lancement de cette campagne, Amnesty International et plusieurs organisations partenaires présentent sept ensembles de mesures que doivent prendre les pouvoirs publics pour que les catégories les plus à risque puissent bénéficier de soins de santé et jouir de leurs droits les plus fondamentaux.

Amnesty International demande ainsi aux autorités, entre autres, d’agir sans attendre pour que les forestiers, les accapareurs de terres et les mineurs artisanaux ne puissent pas pénétrer en territoire autochtone sans le consentement libre et donnée au préalable en toute connaissance de cause des populations concernées. Elle demande aux pouvoirs publics de veiller à ce que les institutions de l’État, comme la FUNAI (Fondation nationale de l’Indien), soient habilitées à travailler avec les communautés autochtones pour intensifier les inspections et les patrouilles destinées à empêcher que des zones protégées ne soient envahies. Il peut s’avérer nécessaire de suspendre les travaux sur certains grands chantiers, afin d’éviter que les employés des entreprises qui en sont chargées ne pénètrent en territoire autochtone pendant les périodes d’isolement. Les autorités doivent également s’efforcer de mettre un terme aux meurtres de membres des communautés autochtones et faire en sorte que la justice soit rendue pour les homicides qui ont été perpétrés.

Les autorités doivent adopter des mesures visant à protéger les personnes privées de leur liberté et s’atteler de toute urgence au problème de la forte surpopulation qui règne dans les prisons. Les prisonnier·ère·s et, plus largement, les personnes placées en détention, doivent avoir accès aux soins de santé et bénéficier de conditions d’hygiène satisfaisantes. Les États doivent également s’efforcer de prendre des mesures destinées à désengorger les prisons, notamment en différant l’incarcération de personnes récemment condamnées, en revoyant certaines décisions de placement en détention provisoire et en envisageant la remise en liberté anticipée, temporaire ou conditionnelle des personnes condamnées pour des délits mineurs et des individus à haut risque, comme les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes présentant certaines pathologies. Une vaste campagne d’information dans les prisons est également recommandée, à l’intention des détenu·e·s et des personnes travaillant dans les services de la justice. Le personnel pénitentiaire doit également être protégé pour éviter les risques de contagion. Les autorités ont notamment le devoir de lui fournir le plus largement possible du matériel de protection individuelle, ainsi que des conseils et instructions fondés sur des données médicales concernant les pratiques à adopter pour éviter d’être contaminé.

Les sans-abri et les mal-logé·e·s, notamment les enfants et les jeunes qui vivent dans la rue (dans les favelas ou à la périphérie des grandes villes, par exemple), sont encore plus exposés pendant l’actuelle crise du COVID-19. Les autorités doivent veiller à ce que chacun ait accès à des conditions permettant de s’isoler en cas de besoin, notamment les personnes âgées, les personnes vivant dans la pauvreté, les sans-abri et les mal-logé·e·s. Lorsque cela s’avère nécessaire, les services municipaux de la santé, de l’aide sociale et des droits humains doivent faire en sorte que tous les habitants puissent s’isoler en toute sécurité. À cette fin, les autorités peuvent envisager de collaborer avec d’autres acteurs, tels que les hôteliers ou, plus largement, les gérants d’installations ouvertes au public. Ces installations doivent permettre l’accès à l’ensemble des services essentiels, comme l’eau, l’assainissement, l’électricité, l’alimentation et les soins de santé.

Pendant la campagne, Amnesty International et les organisations partenaires mèneront des actions de mobilisation nationale destinées à faire directement pression sur les autorités pour qu’elles adoptent des mesures appropriées, et organiseront des rencontres afin de cerner les besoins des populations les plus affectées par la discrimination.

« Les groupes les plus marginalisés ont une voix et doivent prendre part aux décisions qui touchent à leurs droits pendant la durée de l’actuelle pandémie. Les pouvoirs publics doivent les écouter et comprendre leurs besoins, remédier aux inégalités qui existent de longue date et veiller à ce que toutes et tous aient accès aux soins de santé », a conclu Jurema Werneck.

Les organisations suivantes participent à cette campagne :

  Abrasco (Association brésilienne pour une santé collective)
  Afirmação
  ANTRA (Association nationale des travestis et des transexuels)
  APIB (Assemblée des peuples indigènes du Brésil)
  Casa Fluminense
  CDVHS (Centre pour la défense de la vie Herbert de Sousa)
  CEDECA-CE – COIAB (Centre de protection de l’enfance, Ceará et Coordination des organisations indigènes de l’Amazonie brésilienne)
  CEDENPA (Centre d’études et de défense des noirs du Pará)
  CIMI (Conseil missionnaire indigène)
  Coletivo Papo Reto
  Coletivo Sapato Preto
  COIAB (Coordination des organisations indigènes de l’Amazonie brésilienne)
  CONAQ (Coordination nationale des communautés rurales noires d’origine africaine)
  Coalizão Negras por Direitos (Coalition noire pour les droits)
  Criola
  Elas Existem
  Fórum Nacional de Reforma Urbana (Forum national pour une réforme urbaine)
  Geledés – Instituto da Mulher Negra
  Instituto Marielle Franco
  Instituto de Mulheres Negras do Mato Grosso
  Instituto Socioambiental (Institut socio-environnemental)
  Instituto Terramar (Ceará)
  Justiça Global
  Marcha de Mulheres Negras de São Paulo
  Movimento Moleque
  Movimento Nacional de Direitos Humanos - MNDH Brasil (Mouvement national pour les droits humains – Brésil)
  Núcleo Estadual de Mulheres Negras do Espírito Santo
  OAB (Barreau brésilien)
  Perifa Connection
  Rede Antirracista Quilombação
  Sociedade Brasileira de Medicina de Família e Comunidade (Société brésilienne de médecine famiale et communautaire)
  Think Olga
  Terra de Direitos
  UNEAFRO
  WWF Brésil

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