Communiqué de presse

Brésil. Le verdict du procès d’un massacre dans une prison constitue un pas « essentiel » vers la justice

La condamnation de 23 policiers brésiliens reconnus coupables d’avoir tué des détenus lors d’un massacre dans une prison il y a deux décennies constitue un pas « essentiel » vers la justice, a déclaré Amnesty International.

Dimanche 21 avril, ces fonctionnaires ont été condamnés à 156 ans d’emprisonnement chacun pour leur rôle dans la mort de 13 prisonniers au cours d’émeutes sanglantes à la prison de Carandiru, à São Paulo, en 1992, dans lesquelles plus de 100 détenus ont perdu la vie.

« Les victimes, leurs familles et les survivants de ce crime brutal et choquant ont attendu la justice pendant 20 ans, a souligné Atila Roque, directeur de la section brésilienne d’Amnesty International.

« Nous espérons que ce jugement essentiel, attendu depuis longtemps, va réamorcer une procédure qui conduira tous les responsables de ces homicides devant la justice, notamment ceux qui étaient à leur tête. »

L’affaire de Carandiru est devenue un symbole des déficiences de la justice pénale de São Paulo et de son incapacité à juger les violations des droits humains.

Les autorités n’ont pas enquêté sur le rôle de hauts fonctionnaires de l’État de São Paulo, alors que la condamnation du colonel Ubiratan Guimarães, qui avait commandé cette opération militaire, a été annulée de façon controversée en 2006.

Des troupes de choc de la police militaire ont été envoyées à Carandiru lorsqu’une bagarre entre des prisonniers, qui avaient pris le contrôle du Bloc 9 de la prison, a dégénéré en mutinerie le 2 octobre 1992.

Quelques jours après le massacre, une équipe d’Amnesty International a visité la prison pour recueillir des éléments, qui ont été utilisés pour établir un compte rendu unique de ce qui s’était passé dans chacune des cellules du Bloc 9.

Elle a également pu évaluer les preuves médicolégales et relever le traitement inadapté des éléments balistiques, qui s’apparentait à une tentative de dissimulation de la part des autorités.

Selon le rapport d’Amnesty International intitulé Brésil. Massacre dans la prison de São Paulo, le gouverneur et le secrétaire d’État à la Sécurité publique de l’État de São Paulo se sont démis de leurs responsabilités en plaçant la prison complètement entre les mains de la police militaire et sont donc également responsables de ce qui s’est passé.

Plusieurs dizaines d’autres policiers devraient être jugés dans le cadre de l’affaire de Carandiru au cours des prochains mois, mais aucun haut représentant de l’État ne devrait être amené à rendre des comptes.

Dans le même temps, les avocats des policiers condamnés ont fait savoir qu’ils feraient appel du verdict de dimanche.

« Avec ce jugement, la justice de São Paulo a enfin reconnu la culpabilité de policiers à titre individuel pour les homicides qui ont eu lieu à Carandiru, a ajouté Atila Roque.

« Cependant, ces policiers n’ont pas agi seuls. Il est maintenant indispensable que les responsables des actions de la police ce jour-là répondent également de leurs actes devant la justice. »

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