« Le 24 mai 2017, les forces de sécurité brésiliennes ont abattu 10 travailleurs agricoles sur le domaine de Santa Lúcia, dans l’État du Pará. Cette journée, l’une des plus sanglantes pour les ouvriers agricoles depuis des décennies, a marqué le début de l’escalade de la violence imputable à des représentants de l’État. Au cours de l’année écoulée au Brésil, au moins 70 personnes ont été assassinées dans le cadre de conflits liés à la terre, a déclaré Jurema Werneck, directrice exécutive d’Amnesty International Brésil.
« Ceux qui ont ordonné le massacre de Pau D’Arco n’ont toujours pas été identifiés et les survivants comme les proches des victimes continuent d’être menacés et harcelés. Nous joignons notre voix aux leurs pour réclamer justice pour ces crimes. Il est du devoir des autorités brésiliennes de protéger les travailleurs agricoles et de garantir justice, vérité et réparations à ceux qui ont survécu et aux familles des victimes. »
José Vargas Junior, avocat des victimes et des familles, a déclaré : « Les forces de sécurité brésiliennes ont une perception faussée, convaincues qu’un groupe exposé de personnes peut être assassiné sans aucune conséquence légale, enquête ni sanction.
« Outre l’enquête, il est crucial que les autorités brésiliennes établissent et mettent en œuvre des politiques concrètes afin de garantir la protection des travailleurs agricoles à Pau d’Arco. Les retards dans la mise en œuvre de mesures permettant d’assurer la sécurité de ceux qui ont survécu et des travailleurs agricoles actuellement menacés ont déjà causé la mort d’une autre personne : le dirigeant communautaire Rosenildo Pereira de Almeida a été assassiné en juillet dernier. »
Complément d’information
À ce jour, personne n’a été condamné pour ces homicides, perpétrés lors d’une opération menée conjointement par les forces de police civiles et militaires. Les familles des victimes et ceux qui ont survécu au massacre sont la cible de menaces constantes et n’ont reçu aucune réparation ni protection de la part de l’État.
En 2017, le ministère public a inculpé 17 policiers civils et militaires en lien avec ces événements. Des éléments indiquent que des fermiers locaux ont pu être impliqués.
Un commissaire et un inspecteur de police ayant participé à l’opération ont été libérés sous caution, après avoir accepté de coopérer avec le ministère public, et bénéficient d’une protection de l’État. En décembre 2017, le tribunal d’État a libéré les 15 autres accusés qui se trouvaient en détention provisoire depuis trois mois, mais la Cour suprême du Brésil a ordonné qu’ils retournent en prison.
L’enquête est en cours, la police fédérale ayant délivré 12 mandats de perquisition et de saisie dans quatre villes au mois de mai.
José Vargas Junior et Rivelino Zarpellon, un autre avocat qui travaille sur l’affaire, ont reçu des menaces qui se sont intensifiées fin 2017. Tous deux ont été contraints de quitter la région en raison de la gravité de ces menaces, renouvelées fin avril et début mai 2018.